Discours du Premier ministre sur le projet campus numérique à l’Université de Brest

Seul le prononcé fait foi

Messieurs les ministres,
Cher Jean-Yves LE DRIAN,
Cher Thierry MANDON,
Monsieur le préfet,
Messieurs les préfets,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le maire, cher François CUILLANDRE qui nous attend dans un autre lieu,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le président de l’université de Bretagne Occidentale,
Monsieur le président de l’université Bretagne Loire,
Mesdames et Messieurs,
 
Je voulais tout d’abord vous remercier toutes et tous de m’offrir l’hospitalité de ces lieux pour cette inauguration qui revêt pour moi une dimension hautement symbolique. Nous sommes dans une université qui promeut des technologies parmi les plus récentes et les plus performante qui met ces technologies au service de la pédagogie pour favoriser l’accès à la connaissance et au savoir et qui le fait au sein d’un territoire d’une région qui depuis très longtemps a fait du développement de la recherche, de la connaissance, de l’innovation technologique, des plates-formes de transfert de technologies une priorité absolue. Je le fais dans un territoire qui est non loin de celui dont j’ai été l’élu pendant plus de 20 ans, la Normandie. Les relations entre la Bretagne et la Normandie ont toujours été un peu ambivalentes, une solidarité née de la proximité de la mer qui a pour principale caractéristique d’adoucir les tempéraments et les caractères si bien que ceux qui ont toujours été sur les façades littorales pour reprendre l’expression de TOCQUEVILLE ont toujours eu vocation à être violemment modérés ! Et c’est d’ailleurs pour cela que les climats océaniques sont plus doux que les climats continentaux !
 
Mais il y a aussi quelques sujets d’envies mutuelles, je pense au Mont-Saint-Michel qui est en Normandie mais qui est un élément de rayonnement de la Normandie et de la Bretagne sur le plan touristique. Je pense aussi à ce que sont nos atouts maritimes qui ont conduit parfois nos grandes villes littorales à se disputer la nomination de capitales de la voile ou de capitales de la construction navale. Ce fut le cas entre Brest, Cherbourg, Lorient mais ma présence ici vous montre que tout cela n’altère en rien l’amitié. Au contraire, ces relations nourrissent l’amitié et j’ai très grand plaisir à être ici cet après-midi notamment aux côtés de Jean-Yves LE DRIAN en le citant lui, ce n’est pas une manière pour moi d’oublier tous les autres amis qui sont là parlementaires élus mais j’ai toujours eu pour votre président de région beaucoup d’affection et d’amitiés et je dois dire que les années que nous venons de passer ensemble, nous avons été notamment dans nos fonctions confrontés l’un et l’autre à la question du terrorisme, ces années auront contribué à faire de nos liens non plus des liens d’amitié mais des liens fraternels parce que dans les épreuves, il est des moments où la confrontation à la dureté des choses crée des sentiments et des relations indestructibles ! Et donc je voudrais lui dire la très grande amitié que j’ai pour lui et le très grand plaisir que j’ai à me retrouver à ses côtés aux côtés de tous les élus qui l’accompagnent dans les missions qui sont les siennes ici en Bretagne.
 
Nous venons d’avoir une animation en réalité virtuelle qui nous a montré ce qu’est une séquence pédagogique dans une salle immersive. Je dois dire que la première séquence de notre déplacement, cher Monsieur, aura été à mi-chemin entre l’innovation technologique, l’innovation pédagogique et la prestidigitation. Le fait de ne plus savoir si c’était vous ou pas dans l’écran montre que dans l’apprentissage de la connaissance et à l’université, il y a toujours une part de rêve et il est vrai qu’ici, vous avez été tellement loin dans l’imagination, l’innovation et l’audace que vous offrez à votre territoire une part de rêve que vous transformez en réalité. J’ai été très impressionné par la qualité technique de ce qui m’a été présenté mais je suis surtout convaincu dans la responsabilité qui est la mienne que vous êtes en train d’inventer à l’échelle de toute une région des pratiques qui vont progressivement révolutionner l’enseignement, la formation à travers l’usage des technologies numériques. Votre projet est absolument exemplaire, je voudrais en souligner certains aspects qui me paraissent particulièrement importants, l’audace, la persévérance dans l’effort, vous l’avez souligné, Monsieur le président, Messieurs les présidents, la volonté de rassembler largement la communauté universitaire et au-delà. Certains nous écoutent dans d’autres sites, nous sommes entretenus avec eux, vous parlez une fois par semaine avec une université au Canada, cela montre que derrière la persévérance, il y a aussi d’extraordinaires possibilités d’ouvertures, de rencontres, de dialogues. Et l’université, c’est aussi cela, y compris l’université des origines dans son ambition d’émancipation des esprits, de possibilités pour chacun de trouver son chemin, d’éveiller son libre arbitre et d’organiser avec l’autre qui pense aussi la rencontre.
 
Vous constituez un véritable laboratoire, grandeur nature à l’échelle d’une région, de la transformation numérique dans l’enseignement supérieur et de la recherche. Votre force a été de capitaliser sur cette expérience pour concevoir en 2009 un projet innovant et de très grande ampleur, celui d’un campus pluridisciplinaire sur plusieurs sites intégrant les possibilités qu’offrent les technologies numériques. Vous avez ainsi sur faire de la dispersion territoriale des établissements universités bretons un atout. Vous leur avez demandé de fonctionner en réseau et ce que vous avez fait en Bretagne constitue un exemple pour la France mais aussi quelque chose d’unique en Europe. J’ajoute que la Bretagne était prédisposée à réaliser un tel projet, ce n’est pas pour enlever quoi que ce soit à vos mérites, Messieurs les présidents. Elle pouvait d’abord s’appuyer sur une capacité d’excellence dans le domaine numérique avec des laboratoires de recherche, des entreprises, particulièrement performantes ; elle avait aussi su tirer parti de la réussite éducative qui caractérise depuis très longtemps l’académie de Rennes. C’est une des caractéristiques de cette académie.
 
La deuxième clé de la réussite de votre projet réside dans votre capacité à rassembler, à faire travailler ensemble des acteurs extrêmement divers. C’est là aussi la clé de la réussite bretonne, il y a de la diversité, il y a de la pluralité mais il y a toujours de l’altérité et de l’unité y compris au plan politique. Et quand il s’agit de défendre les intérêts de la Bretagne, tout le monde est derrière la même bannière. Ca agace aussi ailleurs, je dois le reconnaitre mais ici, c’est une qualité qui donne des résultats, qui fait votre force et comme Premier ministre de la France, je voudrais en déduire quelques préceptes. Il n’y a pas de raison que l’unité qui fait la force de la Bretagne ne puisse faire la faiblesse de la France. Je pense que si notre pays était capable de s’unir autour de ses atouts, autour de ce que sont ses réussites pour les promouvoir davantage par-delà ses frontières et donner de lui-même une image plus valeureuse que celle que l’on s’emploie à diffuser à longueur de commentaires, y compris lorsque nous sommes face à des réussites incontestables, nous serions vraisemblablement collectivement plus heureux et moins dans la mélancolie que nous ne pouvons l’être à certains moments. J’ai été ce matin à Rennes sur la question du logement, je faisais le bilan de ce que nous avons obtenu en matière de résultats, en raison des politiques de développement du logement que nous avons initiées, les résultats sont incontestables et à Rennes, cela se traduit par un projet urbain d’une très grande valeur. Le dire, parce que c’est vrai, c’est mieux que d’expliquer que ce que nous avons fait en matière de logement était un échec. Il m’est arrivé de l’entendre, y compris de la part de ceux qui pourraient pourtant se réjouir de ce que nous faisons. Sur le plan de l’école, le fait de créer 60 000 postes dans l’Education nationale, Monsieur le président, de remettre en place la formation des enseignants et de créer des dispositifs « plus de maîtres que de classes » pour faire en sorte que les enfants en difficulté retrouvent dans l’école ce qu’est la méritocratie républicaine, ça a un sens. Ca a été fait. Ce n’est pas totalement absurde que de le dire, ce n’est pas d’ailleurs que de céder à l’autosatisfaction que de l’affirmer, c’est simplement dire ce qui est. Et ici, vous avez ce tempérament. Et vous avez raison, et je vous en félicite, et vous avez su réunir 28 établissements d’enseignement supérieur et de recherche bretons, rassembler dans l’université européenne de Bretagne autour d’un projet numérique et immobilier dans un contexte de financement à l’époque qui n’était pas très simple. C’est le co-projet que portent aujourd’hui la commune, l’université Bretagne Loire, dont je salue le président, Pascal OLIVARD. Fédérer autant d’institutions universitaires dont chacune est attachée à ses traditions, à ses spécialités disciplinaires n’était pas une entreprise facile même si nous savons que cette logique est la seule cohérente dans le contexte de concurrence internationale que connait l’enseignement supérieur.
 
Je veux dire qu’une telle réussite n’aurait pas été possible sans le concours permanent du conseil régional et de Jean-Yves LE DRIAN et de son équipe. Pour financer le projet, vous avez obtenu un soutien conjoint du conseil régional de Bretagne et de l’Etat pour un investissement qui n’est pas négligeable de près de 70 millions d’euros. Vous avez pu aménager 54 salles et amphithéâtres interconnectés ainsi que 4 nouveaux bâtiments spécialement construits pour le campus numérique à l’image de celui que nous inaugurons aujourd’hui. Pour sa mise en œuvre, vous avez fait le choix d’un partenariat public/ privé, faisant appel aux entreprises, regroupées au sein de Brest Connect, EIFFAGE, ORANGE, la CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS qui les accompagnent ainsi que le fonds d’investissement FIDEPP2. Vous avez rassemblé largement la communauté universitaire à travers ses 28 établissements et ce rassemblement de la communauté universitaire comme l’a dit le président LE DRIAN tout à l’heure est un élément très important de la réussite de l’entreprise dans laquelle vous êtes engagé.
 
Vous avez au sein de l’université Bretagne Loire créé un pôle d’appui à la transition pédagogie qui remplit cette mission d’une importance primordiale de services d’ingénierie d’appui et de médiatisation pour l’enseignement présent ici à Brest en est l’une des composantes et son expertise permet d’accompagner les enseignants dans les activités pédagogiques en réseau et d’inventer les pratiques et les outils qui seront ceux de l’université de demain.
 
 
L’intérêt que suscite ce projet chez nos partenaires étrangers, nous l’avons constaté tout à l’heure, est le signe de la qualité de vos travaux, et il y a ici de nombreuses visites de délégations que vous recevez et des accords que vous passez avec, par exemple le Liban, la Côte d’Ivoire ou d’autres pays encore, notamment le Canada.
 
L’ambition du projet que vous avez conçu ici en Bretagne rejoint celle du volet numérique de la stratégie d’enseignement supérieur portée par Thierry MANDON que je salue ; je sais qu’il est particulièrement attentif à la réussite de votre entreprise et qu’il continuera à vous apporter durablement tout son soutien.
 
Ce que vous avez réalisé s’inscrit dans la dynamique, je veux le rappeler, que le gouvernement a impulsé depuis 2012, avec l’ambition de préparer les étudiants au monde numérique de demain. L’appel à projet Développement d’université numérique expérimentale en est l’illustration. Cinq projets viennent d’être retenus dont le projet « Désir », porté par des établissements d’enseignement supérieur rennais. Son objectif traduit son ambition : transformer le territoire universitaire rennais en « Living Lab », Laboratoire d’innovation ouverte, en pédagogie et numérique, et le soutien apporté par l’Etat est, sur ce projet, assez significatif. Il est de plusieurs millions d’euros sur trois ans.
 
Par ailleurs, dans la cadre du troisième programme d’investissement d’avenir, le Commissariat général à l’investissement proposera, avec le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de soutenir d’autres actions au titre de cette politique en faveur du numérique et de l’université. C’est désormais une évidence que d’observer que la transition numérique concerne tous les secteurs d’activités, affecte tous les aspects de la vie de nos concitoyens et doit, à ce titre, être prise en compte comme un élément déterminant du développement des territoires.
 
Je voudrais conclure mon propos, Monsieur le Président, en répondant à un appel que vous m’avez sans doute adressé concernant la priorité donnée à l’université et à la Recherche dans les perspectives politiques qui se présentent à notre pays. Quand je dis que vous me l’avez adressé, c’est parce que, non pas parce que je suis candidat, je ne veux effrayer personne, il y en a déjà beaucoup, mais simplement comme Premier ministre en charge de la mise en œuvre de la politique de notre pays, j’ai, jusqu’à la dernière minute, avec l’ensemble des membres du gouvernement, une responsabilité particulière qui est celle de donner du sens et de l’impulsion aux politiques publiques les plus importantes et les plus prometteuses.
 
Je veux simplement dire que, sur la question de l’université et de la Recherche, le ministre de la Recherche présente un budget en augmentation de près deb 800 millions cette année, si le chiffre que j’ai à l’esprit correspond bien à la réalité des masses budgétaires qui vous ont été données ; et que cette augmentation significative de son budget cette année s’inscrit dans une évolution assez continue des budgets alloués à la Recherche et à l’université au cours des cinq dernières années ; et que nous ne nous sommes pas contentés de faire des allocations budgétaires supplémentaires sans donner du sens à l’action pour laquelle nous allouons ces moyens. Nous avons décidé de faire en sorte que la démocratisation de l’accès à l’université – parce que nous considérons que la formation universitaire est une priorité pour un pays qui veut hisser son économie et donner toutes les chances à sa jeunesse d’avoir de l’espoir – doit être une priorité absolue.
 
Ca s’est traduit par quoi ? Ca s’est  traduit par 40.000°logements supplémentaires pour les étudiants, en programmation ; dont 37.000 sont déjà réalisés, le solde devant l’être dans le courant de l’année 2017. Ca s’est traduit par une augmentation du niveau des bourses étudiantes de près de 500 millions d’euros ; ce qui est un effort qui n’avait jamais été fait. Ca s’est traduit par la mise en place d’un dispositif de cautionnement par l’Etat de l’accès au logement étudiant, pour les étudiants qui n’y ont pas accès d’eux-mêmes dès lors qu’ils ne sont pas rattachés à un foyer fiscal qui est celui de leurs parents.
 
Nous avons décidé de mettre en place les universités d’excellence, non pas pour attribuer un label qui n’aurait pas de sens, mais pour montrer la volonté qui était la nôtre de hisser nos universités à un rang mondial qui leur permette de rayonner par-delà les frontières de notre pays. Créer les conditions de la relation entre la Recherche fondamentale, l’enseignement universitaire, le transfert de technologies, le monde de l’entreprise, en passant par l’essaimage et la création de start-up est une ambition que j’ai retrouvée dans les visites hebdomadaires dont parlait Thierry MANDON à l’instant, à Lyon, à Bordeaux, ici à Brest et à Rennes, que je retrouverai dans quelques semaines à Strasbourg, parce que cette ambition-là qui nous a conduits à obtenir le label IDEX, sur la base d’une appréciation portée par un jury international – qui n’est pas un label donné par le pays pour faire plaisir à telle ou telle région ! C’est un processus et exigeant – nous conclut aujourd’hui à avoir des molles universitaires qui joueront demain un rôle qu’ils ne jouaient pas.
 
Et donc voilà ce que nous avons fait pour l’université. Généralement quand on fait des choses, cela appelle qu’on en fasse d’autres. Et plus on en fait, et plus on nous demande d’en faire, et c’est légitime ! Parce qu’on voit bien quel est l’impact des politiques publiques lorsqu’elles se déploient sur des territoires comme les vôtres. Et notre objectif, c’est bien de faire en sorte que sur ces questions-là, rien de ce qui a été fait en termes d’impulsion ne soit altéré demain. Ce qui implique effectivement que les mois qui viennent soient l’occasion de définir des orientations claires, de porter des choix lisibles et de dire où sont les priorités et les préférences, et de le faire, comme toujours lorsqu’il s’agit de l’avenir du pays, avec le souci du réalisme, de la vérité, de la clarté et de l’ambition.
 
Et ce sont ces valeurs, ces principes simples qui doivent toujours guider l’action publique, que j’ai retrouvées tout au long de mon déplacement en Bretagne aujourd’hui, au cœur des préoccupations des collectivités territoriales et des acteurs locaux, rassemblés, unis, forts d’eux-mêmes, et c’est la raison pour laquelle je voudrais vous adresser tous mes vœux, vous inciter à ne rien changer, à continuer comme vous faites, avec le même niveau d’exigence et d’engagement, et je voudrais vous remercier toutes et tous pour l’exemple qu’à partir de la Bretagne, vous donnez à notre pays, qui est un exemple de réussite, de fierté et d’unité. Merci à vous.
 
 
 
Discours du Premier ministre sur le projet campus numérique à l’Université de Brest

Author: Redaction