Discours du Premier ministre à l’occasion de la pose de la première pierre de l’usine de pales à Cherbourg

Seul le prononcé fait foi

Madame la Préfète de région,
Monsieur le Préfet,
Madame la députée, chère Geneviève GOSSELIN-FLEURY,
Monsieur le Sénateur, cher Jean-Pierre GODEFROY,
Monsieur le Président du Conseil régional, cher Hervé MORIN,
Monsieur le Président du conseil départemental, cher Philipe BAS,
Monsieur le Président de la communauté d’agglomération, cher Jean-Louis VALENTIN,
Monsieur le Maire, cher Benoit ARRIVE,
Mesdames et messieurs les maires et élus,
Messieurs les présidents de chambre consulaire,
Monsieur le Président de General Electric Renewables,
Monsieur le Président de LM Wind Power,
Mesdames, Messieurs
 
 
Cette cérémonie me permet de vous dire toute la satisfaction que j’éprouve à voir se concrétiser un projet industriel majeur, dont je suis la progression depuis le premier jour. Elle se teinte aussi pour moi d’une nuance mélancolique, puisque c’est sans doute la dernière fois que j’ai l’occasion de prononcer, dans cette ville si chère à mon cœur, une allocution en tant que Premier Ministre.

Mais l’essentiel, à mes yeux, tient aujourd’hui à la grande ambition nationale que la création de cette usine illustre : le développement des énergies renouvelables et la naissance d’une filière d’avenir.

Forte de ses nombreuses façades maritimes, la France a fait en effet le choix de développer l’éolien en mer. C’est là un choix écologique, énergétique mais aussi industriel, car le potentiel des énergies marines renouvelables a été estimé à 30 000 emplois d’ici 2030.

Malgré les vents contraires qui ont pu souffler sur le secteur ces dernières années, notre capacité à développer des champions dans ce domaine reste entière. Depuis plusieurs mois, cette volonté s’est traduite concrètement à travers la fixation d’objectifs ambitieux, mais réalistes, dans la programmation pluriannuelle de l’énergie, par le lancement régulier d’appels d’offres, par une simplification des normes dans le respect de l’environnement et par un effort d’investissement sans précédent.

Mais pour porter cette ambition, il faut que l’Etat, les industriels privés et les collectivités sachent se mobiliser ensemble, comme ils l’ont fait ici à Cherbourg.
 
Nous avons voulu que l’Etat tienne sa place au côté des industriels pour assurer l’implantation de cette usine.

Une société de projet commune, dans laquelle l’Agence de développement et de maîtrise de l’énergie (ADEME) est présente au nom de l’Etat, a été créée pour intervenir en tant qu’investisseur dans les projets d’éoliennes en mer. Ce sont près de 70 millions d’euros du programme des investissements d’avenir qui sont consacrés à cette initiative, dans laquelle s’inscrit cette usine de Cherbourg.

La réalisation de ces grands chantiers progresse comme nous le souhaitons, malgré les recours : les conventions d’occupation du domaine public maritime sont finalisées ; les risques techniques liés au raccordement électrique des parcs sont maintenant circonscrits et financièrement couverts ; les discussions avec la Commission européenne avancent pour permettre la signature des contrats d’achat d’électricité.

Plus généralement, le vaste chantier de la simplification du droit de l’environnement engagé par mes deux prédécesseurs, et que j’ai naturellement poursuivi, va permettre d’accélérer la réalisation des grandes infrastructures énergétiques, sans reculer sur la protection de l’environnement. C’était là une demande forte des acteurs économiques et nous y avons apporté une réponse concrète avec l’autorisation environnementale unique.

Je tiens à saluer également l’action des collectivités territoriales et de leurs élus, de la Région Normandie, du Département de la Manche, de la ville de Cherbourg.

De nombreux investissements ont été réalisés par l’autorité portuaire, Port Normands Associés, pour être en mesure d’accueillir cette usine. Je sais que c’est un effort financier important, mais parfaitement justifié, qui a été consenti puisque cette entreprise devrait employer à terme sur ce site plus de 550 personnes et susciter la création plus de 2000 emplois indirects.

C’est aussi grâce à votre action déterminée que le tissu local des entreprises s’est déjà mobilisé pour mener à bien les travaux d’implantation de l’usine.

D’autres industriels bénéficieront certainement de cette mobilisation. Je pense aux autres projets d’énergies marines renouvelables, et notamment aux hydroliennes qui seront immergées dans le raz Blanchard ; elles constituent également une filière d’avenir. 

Mais il me faut surtout saluer l’entreprise qui a choisi, en lien étroit avec General Electric, de s’engager dans ce projet,  LM Wind Power,  dont l’expertise pour la production de pales d’éoliennes est reconnue dans le monde entier.

Cette usine fournira les pales les plus longues du monde, pour les parcs éoliens off-shore qui seront construits par Eolien Maritime France (EMF) au large de Fécamp, Courseulles-sur-Mer et Saint-Nazaire.

En s’appuyant sur cette usine pour la production des pièces qui leur sont indispensables, les lauréats des appels d’offres sur l’éolien en mer lancés par la France concrétisent les engagements qu’ils ont pris. Cette implantation répond à l’intérêt général. En produisant à proximité des sites, on améliore le bilan carbone et on réduit l’empreinte environnementale des projets, tout en créant des emplois de qualité.
 
Forte du succès de la COP 21, la France s’est engagée résolument dans la transition énergétique.

Cette usine s’inscrit pleinement dans ce changement de modèle car elle contribue à la diversification de notre bouquet de production électrique.

Vous connaissez le sentiment que m’inspire personnellement la question de l’électricité nucléaire, qui suscite encore maintenant bien des passions et des jugements sans nuance. Ma conviction est d’abord que la part du nucléaire devra baisser dans le temps, car il n’est pas raisonnable pour un pays de faire reposer ses approvisionnements sur une seule technologie. L’arrêt de plusieurs réacteurs cet hiver, pour des questions de sûreté, nous a montré les inconvénients qui résultent d’un modèle trop exclusif. Nous devons donc impérativement continuer à soutenir le développement de sources d’énergie renouvelables, telles que l’éolien marin, posé ou flottant, ou l’hydrolien.

Mais je crois aussi que le nucléaire restera durablement la première source d’électricité en France. Elle restera aussi un atout économique essentiel pour notre pays, et non pas seulement pour notre région normande, en raison de la qualité de notre expertise, qui est reconnue dans le monde entier, y compris en Chine, comme j’ai pu le constater lors de ma visite dans ce pays au mois de février.

C’est parce que le nucléaire représente toujours un atout majeur pour la France que nous avons consacré un effort massif pour redresser cette filière. J’observe que cet effort porte ses fruits, avec des recapitalisations qui sont en cours, avec l’arrivée de nouveaux partenaires étrangers mais aussi avec le projet d’usine de retraitement en Chine et avec le projet d’EPR à Hinkley point qui a été confirmé à l’automne dernier.
 
L’avenir énergétique de la France, comme le redressement de son économie engagé depuis cinq ans, repose sur l’industrie. L’industrie nucléaire, dès lors que cette source d’énergie demeurera longtemps centrale dans nos approvisionnements. Et l’industrie qui répond à la montée en puissance programmée des énergies nouvelles et dont cette usine constitue une illustration exemplaire.

Nos atouts géographiques et maritimes, nos savoir-faire locaux, la qualité de notre main d’œuvre comme nos capacités d’innovation doivent assurer à la France une place éminente parmi les nations industrielles dans ce monde de haute technologie et de progrès écologique. Il appartient à l’Etat, aux côtés des entreprises et des collectivités, de continuer à soutenir avec constance cette grande ambition.
 
Je vous remercie.

Author: Redaction