Trois questions à Christiane Taubira, garde des Sceaux


3 questions à Christiane Taubira, garde des Sceaux.Que pensez-vous du mouvement de grève des avocats qui a commencé lundi dernier ?

Je ne suis pas surprise. Le mouvement des avocats est l’expression d’une inquiétude profonde de la profession, confrontée depuis plusieurs mois à des sujets de réformes importants.

Cependant, l’intensité du mouvement interpelle. Les avocats ne sont pas dans l’immobilisme. On le voit pour les réformes engagées dans la concertation. Que notre maison commune, les tribunaux, et les justiciables, soient aujourd’hui les victimes de ceux-là mêmes que l'activité quotidienne conduit à être le plus fortement associés à l'œuvre de Justice, doit nous amener à nous interroger sur le fond et la pertinence de certaines propositions comme sur les effets de la méthode mise en œuvre.

.Quelles sont les réformes auxquelles est confrontée la profession ?

D’abord le projet J21, Justice du 21ème siècle. Ainsi, la réussite et la mise en œuvre actuelle de cette réforme judiciaire qui doit améliorer la proximité et l’efficacité du service public de la justice, est le résultat de ce travail de réflexion et de concertation permanent depuis plus de deux ans, et dont nous constatons aujourd’hui la pertinence.

Il y a aussi la problématique complexe de l’aide juridictionnelle, nécessaire à l’accès effectif du citoyen à la Justice. Le travail de réflexion est engagé avec les avocats, qui constitueront dès le 5 décembre, avec des greffiers et des magistrats les groupes de travail chargés de rénover ce mécanisme, dans toutes ses dimensions (gouvernance, financement et rétribution, missions concernées…). Je n’oublie pas la question des écoutes, problématique complexe, dont il faut débattre avec eux. Et enfin cet été a surgi le projet de réforme des professions réglementées.

.C’est justement ce projet qui alimente en grande partie la colère de la profession aujourd’hui en grève...

Les objectifs affichés cet été de cette réforme étaient peut-être économiquement légitimes, mais contraires dans certaines de leurs expressions, à ceux du service public de la justice auquel contribuent les avocats :  suppression de la territorialité de la postulation, ouverture capitalistique des professions… Si les plus radicales des propositions ont pu être abandonnées, parce qu’elles ne permettaient pas de garantir le maillage territorial, l’accès au droit, la sécurité juridique et la pérennité des activités, d’autres ont surgi au gré du travail gouvernemental, avocat en entreprise, bureaux secondaires, expert comptables…

Le premier ministre reçoit aujourd’hui même le Conseil National des Barreaux. C’est bien que le gouvernement entend rester à l’écoute.

A chaque chantier ouvert, les avocats répondent de façon active, il ne faut pas l’oublier. Leur investissement dans ces réformes est le reflet de leur engagement auprès du justiciable, et nous poursuivons, depuis l’origine, des objectifs communs et convergents.

 

 

Relais de brève

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Author: Redaction