Sur l’avenir de la politique française selon le président Sarkozy, quelle réflexion?

BFM: Pour Nicolas Sarkozy, il n’y a qu’un « seul rempart » face à l’actuelle patronne des députés du RN en vue de la prochaine joute élyséenne, en 2027: présenter un « candidat de la droite républicaine qui est capable de fédérer les éléments de droite qui sont dans la majorité de monsieur Macron et les éléments de droite qui sont dans l’opposition ». « Sans unité entre ces deux camps, rien ne sera possible » , prévient-il.

Cette vision de l’avenir politique français a l’intérêt de la clarification sur la position du président Sarkozy. Elle marque une évolution par rapport à la préconisation précédente de l’ancien chef de l’Etat en faveur d’un « accord de gouvernement« . Le président Sarkozy prend acte qu’une partie de la droite (hors RN) resterait ancrée dans une forme d’opposition. Son ambition est de réunifier son camp (« famille politique« ) en vue de 2027, dans une force centrale qui réunirait les droites macroniste et non macroniste pour l’élection présidentielle. D’ailleurs, il semble que la plupart des grands patrons de la droite sont désormais sur cette ligne. Une vision que je regrette de ne pas partager pour plusieurs raisons:

  • les « macronistes » de droite sont des personnes qui ont tourné le dos à leur camp traditionnel en 2017 puis en 2022 pour rallier l’adversaire, le candidat issu de la présidence Hollande, ministre de l’Economie de ce dernier, et qui ont ainsi abandonné leurs anciens partenaires politiques pour obtenir une faveur. Les grands mots stigmatisants (« opportunistes », « traitres », « félons », « Ganelon ») n’apportent rien au débat. Mais ce genre de volte-face laisse évidemment des traces difficiles à surmonter. Quelle confiance accordée à des individus qui ont tourné leur veste au moment le plus dramatique?
  • Le président Sarkozy semble balayer d’un revers de main « la gauche » qui reste puissante électoralement. On peut imaginer que cette force, aujourd’hui en miettes (comme la droite), dans un contexte électoral, sera en mesure de peser elle aussi sur l’autre versant.
  • Il semble aussi faire peu de cas de la variable « Emmanuel Macron »: on peut imaginer que celui-ci aura pleinement à cœur de parrainer son propre candidat originaire de la même sensibilité que lui et non de cautionner une alliance droitière. Une bonne partie de la droite macronisée sera tentée de persévérer dans son allégeance, pariant sur la continuité et évitera de rejoindre le camp qu’elle a abandonné en 2017 ou 2022.
  • Cette analyse du président Sarkozy semble faire abstraction du bilan des deux présidences de M. Macron auquel on pourra ajouter celui de sa participation étroite aux années Hollande. Dette publique, sécurité, immigration, commerce extérieur, violence, industrie, chômage, prélèvements obligatoires, libertés, pauvreté, services publics dévastés, énergie, écoles. Il ne tient pas compte non plus de l’image épouvantable que laissera dans le pays un mode d’exercice du pouvoir fondé sur l’illusionnisme bavard et l’exubérance narcissique. Pour la droite, récupérer à son compte une partie de cet héritage serait absolument suicidaire.
  • Compter sur une réconciliation des droites macronistes et non macronistes (dans l’hypothèse même ou ce serait possible) ne suffirait sans doute pas arithmétiquement, à dépasser le seuil des 20% et gagner les élections.
  • Il ne faut pas oublier une autre variable essentielle: le peuple, écœuré par l’entre-soi, les magouilles et autres manœuvres électoralistes. Les petites mesquineries de la classe politique, les jeux de trahison et de réconciliations artificielles, les calculs médiocres de ce genre ont peu de chance d’obtenir ses faveurs.

Alors, que faut-il faire? Conviction profonde: il faut absolument renoncer aux calculs d’apothicaires et cultiver l’entre-soi politicien. Dans trois ou quatre ans, le macronisme ne sera qu’un triste et médiocre souvenir pour l’immense majorité des Français. L’effondrement du macronisme pourrait aussi entraîner la chute sa soeur jumelle lepéniste qui lui sert de marchepied depuis au moins 10 ans (à voir…). Il est probable que les Français voudront passer vraiment à autre chose en 2027. Alors, le succès politique reposera me semble-t-il sur la capacité des responsables politiques à prendre de la hauteur et à lancer un appel au peuple comme entité globale, incluant les abstentionnistes et les électeurs tentés par les extrêmes, au-delà des ruines du système politique, un appel au respect du peuple, à la réconciliation entre le peuple et ses représentants, à la fin d’une dérive de la politique dans l’esbroufe narcissique, le retour au principe d’une action désintéressée et de long terme au service de la France.

MT

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Author: Redaction