Qu’est-ce que le pétainisme?

L’accusation de pétainisme est revenu à tire-d’aile ces derniers jours dans le monde politique. Il n’est pas exact de voir dans le soutien au régime pétainiste de 1940 à 1944 un monopole de l’extrême droite. Certes Maurras y a vu une divine surprise et une large partie de l’extrême droite s’y est rallié mais elle n’était pas la seule.

Une vaste partie de la classe politique républicaine y compris de gauche s’y est aussi ralliée. La Chambre du Front populaire a voté les plein pouvoir à Pétain, avec les sénateurs, y compris une vaste majorité de la SFIO et des radicaux. Des modérés ou centristes s’y sont ralliés dont Flandin, Ybarnegaray, voire Laval qui à l’origine d’ailleurs, venait du socialisme pacifiste. Des hommes venus de gauche – aux côtés d’hommes venus de droite et d’extrême droite – ont été des piliers du régime comme l’amiral Darlan, fortement engagé dans le radicalisme.

Une faction issue de la SFIO ayant fait scission en 1935, appelée « néo-socialiste » a été l’un des principaux suppôts de la politique de collaboration avec l’Allemagne nazie, dont Marquet (maire de Bordeaux, premier ministre de l’Intérieur du gouvernement Pétain) et Déat, l’un des partisans les plus acharnés de l’alignement sur l’Allemagne nazie, entré dans le gouvernement de Laval en 1942. Les néo-socialistes issus d’une scission de la SFIO, prônaient le culte du chef et de l’autorité. [Attention! je ne suis pas en train de dire que l’extrême droite n’était pas pétainiste! Je dis qu’elle n’était pas seule!]

Qu’est-ce que le pétainisme? Evidemment la collaboration avec l’Allemagne nazie et l’antisémitisme d’Etat, aspects les plus odieux du régime et la xénophobie visant notamment les Britanniques et leurs descendants auxquels l’accès aux emplois publics et de nombreux métiers était interdit. Mais pas seulement. Il existe d’autres dimensions du pétainisme qu’on a tendance à vouloir passer sous silence aujourd’hui – et pour cause:

  • le culte du chef de l’Etat français, grand communicant (image omniprésente des petites filles lui offrant des fleurs à l’arrivée du train) et auquel tout se ramène (« maréchal, nous voilà! »), affichage obligatoire et généralisée partout du portrait du chef de l’Etat français;
  • la courtisanerie éhontée dans les couloirs de Vichy l’obsession carriériste et l’ambition sans scrupule, la course aux ralliements opportunistes, le conformisme des corps intermédiaires (haute fonction publique, magistrature, etc.), bref, l’effet d’aubaine pour de nombreux petits marquis ambitieux;
  • le jeunisme et l’encadrement autoritaire des jeunes en l’absence de service militaire (les chantiers de jeunesse); le mépris en revanche du mérite et de l’intelligence scolaire et même de la neutralité de l’enseignement;
  • le climat général de repentance ou de pénitence qui recouvre le mépris des gens (« si les Français sont persécutés et affamés par l’occupant, c’est parce qu’ils payent désormais pour leur (supposée) paresse, fainéantise et leur frivolité de l’entre-deux-guerres, bref, ils n’ont pas assez travaillé »);
  • le mépris du peuple et des corps politiques élus au suffrage universel (le Parlement est suspendu sine die, les maires et conseils municipaux des villes importantes sont nommés par le pouvoir vichyste);
  • l’écologisme idéologique avant la lettre (« la terre, elle, ne ment pas »);
  • l’autoritarisme (« j’étais pour vous un père, maintenant je suis un chef » et la répression féroce des résistants);
  • la pensée unique, l’uniformisation de la pensée, la répression de tout écart avec la pensée dominante (censure de la presse devenue totalement uniforme et obséquieuse, la répression des partis politiques et des syndicats).

Ceci pour dire qu’invoquer le régime de Vichy a des fins de politique intérieure est un grand classique… Encore vaudrait-il mieux ouvrir un livre d’histoire de temps en temps pour se renseigner sur ce qu’était vraiment Vichy et le pétainisme.

MT

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Author: Redaction