Ce qui est le plus terrifiant, chez les terroristes islamistes, outre leur lâcheté et leur monstruosité, c’est leur malignité. Ce n’est pas un hasard s’ils s’en prennent à un professeur de français dans un lycée. Ils frappent où cela fait le plus mal: le lieu de transmission de la civilisation. Ils s’en prennent aux racines de la connaissance, de l’éducation et de l’intelligence. Ils reproduisent en pire le geste des talibans détruisant les statues de Bouddha ou l’Etat islamique saccageant la cité de Palmyre. Ils nous renvoient à la barbarie nihiliste, un peu comme les nazis qui brûlaient les livres en autodafé ou les œuvres d’art. Ils sont dans la logique de la table rase, commune à tous les systèmes totalitaires: détruire toute trace de civilisation et plonger l’humanité dans la barbarie pour créer un homme neuf, privé des racines du savoir et de l’intelligence, et dès lors, manipulable à merci. Le bourreau prévoyait de s’en prendre à un professeur d’histoire, mais il a massacré un professeur de français, ce qui revient au même. Quant aux réactions politiques, elles sont identiques à chaque fois: coups de menton, d’où qu’ils viennent et pluie d’hommages et de recueillement. Au fond, tout ce maelström est une façon de se protéger derrière un écran de fumée. C’est insuffisant. Bien au contraire, il faudrait une enquête froide et impartiale, sur deux mois: qu’a-t-on fait, concrètement, depuis le meurtre de Samuel Paty pour éviter que le même scénario se reproduise, dans tous les domaines, école, police, renseignement, migrations, frontières? Et puis en tirer les conséquences: si tout a été parfait, si la fatalité est seule responsable, on continue de la même manière. Sinon, demander aux responsables, sur tout le long de la chaîne des responsabilités de rendre des comptes et des sanctions à la hauteur de la tragédie.
MT
