L’étrange recours

M. Edouard Philippe, l’ancien Premier ministre du président Macron de juin 2017 à juin 2020 est la personnalité la plus populaire à droite. Il est le candidat a favori de 26% des électeurs de droite selon un sondage IFOP devant tous les autres. Il est aussi la personnalité politique la plus populaire selon d’autres enquêtes. A son propos, le mot de « recours » s’impose partout et sans cesse, dans un matraquage permanent.

Le phénomène est fascinant par ce qu’il nous dit de la politique aujourd’hui. Le bilan de M. Philippe peut difficilement expliquer sa popularité. A quoi pense-ton spontanément au sujet de ce bilan? le renoncement de Notre-Dame-Des-Landes face à la violence; les 80 kmH sur les routes nationales, puis le rétropédalage en laissant au conseils départementaux la responsabilité de revenir au 90 kmH ; la taxe carbone, retirée après un mois de coups de menton mais à l’origine directe d’un an de violences et de chaos avec la crise des Gilets Jaunes qui a embrasé le pays; trois mois de tergiversations et de contre-vérités (sur les masques) dans le crise du covid 19 qui ont ravagé l’économie française (une récession double de celle de l’Allemagne); une flambée générale de la violence et de la délinquance; une explosion des statistiques de l’immigration; une violente poussée du chômage et une aggravation des statistiques de la pauvreté; l’échec d’une réforme des retraite qui a paralysé le pays pendant deux mois avant de disparaître à la trappe; une dette publique dépassant les 100% du PIB et la France en tête du niveau de prélèvements obligatoires…

Le bilan, quel que soit le bout par lequel on le prend, n’est guère reluisant. Alors? Alors, sa relative popularité dans les sondages ne tient pas à un bilan. Elle tient à une apparence, une image médiatique, un reflet. L’homme, dans son image impose un certain calme, une modestie, une sobriété, une discrétion  qui contrastent par exemple avec l’exubérance de l’Autre. Cela suffit à lui donner un air de recours. Mais de fait, le phénomène traduit tout autre chose: la perte du sens politique d’un pays. Les faits, les réalités, le bilan, le politique au sens noble du terme, le gouvernement de la cité, importent peu. Seuls comptent l’apparence, la surface des choses sur l’écran de TF1 ou France 2, l’émotion et les jeux d’illusions. Au fond du problème, il y a quelque chose d’absolument dramatique: le déclin de l’esprit critique et l’affaissement de l’intelligence politique. Or, un corps électoral privé de repères intellectuels, d’esprit critique, d’intelligence politique est indéfiniment manipulable à merci.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction