L’effroyable atomisation de la politique française

La situation politique actuelle de la France n’a sans doute pas d’équivalent dans l’histoire. Nous vivons une période étrange où tout s’effondre, sans la moindre perspective apparente d’un redressement.

Depuis un an et demi France dite d’en haut, médiatique, politique, économique, a engendré de toute pièce un chimérique sauveur providentiel autour de l’image du plus jeune président de l’histoire. Or, celle-ci poursuit sa vertigineuse et inéluctable désintégration. Et sous les ruines de cette chimère, que découvre-t-on?

Les oppositions se désagrègent lamentablement les unes après les autres, socialistes en voie de disparition – nul ne les regrettera –  Républicains noyés dans leurs querelles intestines, Mélenchon frappé par la foudre. Le seul donnant l’impression de conserver un genre de squelette, même branlant, est le lepénisme, mais justement, incarnant depuis un tiers de siècle le mal absolu aux yeux de 80% des Français qui excluent de le voir un jour exercer le pouvoir.

La crise de défiance des Français envers la politique bat son plein, les seuls responsables politiques populaires étant les plus éloignés du pouvoir, donc inoffensifs, tels M. Hulot qui bat tous les records, caracole en tête malgré sa piètre performance au ministère.

Cet effroyable marasme de la classe dirigeante se produit dans un contexte de chaos sociétal majeur: violence de rue qui ronge subrepticement la vie quotidienne et fait couler le sang, crise migratoire sans fin, les banlieues à la dérive, le communautarisme islamiste, le chômage massif qui continue à augmenter au rebours de la tendance européenne, pauvreté galopante (9 millions de pauvres), écrasement fiscal et effondrement économique de la France.

La réponse des plus hautes autorités du pays à ce dramatique chaos est la plus inintelligente qui soit: plutôt que de vouloir s’attaquer aux vrais difficultés de fond, qui sont à la source du malaise, il n’est question que de les fuir en les noyant dans un chimérique et caricatural affrontement, à l’échelle européenne, entre le « mal populiste et nationaliste » d’une part et « le bien post frontière », de la jeunesse et la modernité, d’autre part. Mais ce qui est effroyable, c’est que les auteurs de cette chimère imbécile, censée faire disparaître les angoisses et les souffrances de la population, par laquelle ils espèrent se sauver, finissent par y croire et se leurrer eux-mêmes.

Surtout, ils vivent dans l’illusion que le peuple est prêt à entendre de telles fadaises. Ils prennent les gens pour des imbéciles, évidemment sans se rendre compte qui sont  les véritables imbéciles: eux-mêmes. L’inintelligence des élites dirigeantes, pour ne pas dire leur bêtise et leur lâcheté – la fuite devant la réalité -, aveuglée par leur vanité maladive et l’obsession de leur destin personnel, est à la source de la catastrophe. C’est là que se situe leur erreur fondamentale: ils ne comprennent pas que les gens ressentent le fait d’être pris pour des imbéciles. Et c’est pourquoi les dirigeants sont de plus en plus impopulaires et rejetés par la population. D’où le dégoût toujours croissant envers la politique.

Comment peut-on sortir de cet effroyable chaos? Comment rompre avec ce cercle vicieux du mépris d’en haut et du dégoût d’en bas? Espérer en l’émergence d’un nouveau sauveur – pitre providentiel – un autre vendeur de rêve, serait la solution du pire, une nouvelle plongée dans l’apocalypse de la bêtise, une chimère supplémentaire qui débouchera sur un effondrement toujours plus désastreux.

Non, il faut tout reconstruire par les idées, le débat d’idées, le projet de société, restaurer peu à peu la confiance dans le vote et la démocratie pour que les Français retournent dans les urnes et se donnent des hommes d’Etat, c’est-à-dire motivés par l’intérêt général, la vérité et l’action pour le bien commun, et non plus la satisfaction de leur vanité morbide. Tout se joue sur le plan des idées et du réveil de la conscience collective. C’est à cela qu’il faut travailler. L’avenir des Français ne dépend que d’eux-mêmes et s’il existe une petite chance d’échapper au pire, elle ne pourra venir que des profondeurs du pays. Plus le temps passe et plus j’en suis convaincu.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction