Le discours anti-système, paroxysme du système

xvmb69ec014-acb9-11e6-a681-5cfa72a17503Voici ma dernière tribune pour Figaro Vox. Le discours « anti-système » n’est d’après moi rien d’autre que la dernière mode idéologique.

« Pourtant, ce discours anti-système, par sa banalisation et sa généralisation, finit par prendre un caractère étrangement systématique… D’ailleurs, il ressemble curieusement au pire de la vie politique actuelle, de l’extrême droite à l’extrême gauche. De fait, à quoi ressemble cette dernière aujourd’hui? Partout dans le monde occidental, à une surenchère de la communication, de la parole, de la provocation, du culte des images, et de l’émotion, toujours plus éloignée du monde réel. Peu importe le fond: c’est l’impression qui compte, le coup destiné à forcer l’attention médiatique. La personnalisation à outrance de la vie politique est le paroxysme de ce phénomène qui recouvre le néant des projets. La vie politique se focalise sur le culte de personnages aux visages médiatisés, leur prénom, ou leur silhouettes, une logique de séduction narcissique. On ne se bat plus pour des idées ou un projet, mais pour une voix, un style, une couleur. Les postures se substituent aux projets. Les slogans remplacent les idées. Une grande vague de néant submerge la vie publique. La réalité s’efface devant le rêve et les manipulations. Le discours anti-système n’est au fond que le dernier slogan à la mode, la quintessence d’une dérive de la politique dans les limbes de la communication. Le véritable renouveau passe par bien autre chose que la parole anti-système. Il consiste à renouer avec les fondements de la politique au sens le plus noble du terme : le gouvernement de la cité. Il passe par la réhabilitation de la réflexion sur les grands sujets fondamentaux de l’époque : l’Europe, la Nation, l’Etat, les frontières, les équilibres planétaires, la démographie, la politique industrielle. Il doit se traduire dans le culte de la décision, du travail, de l’action et des résultats au service de l’intérêt général. Il ne se conçoit pas une remise en cause radicale de la logique de la personnalisation outrancière de la vie politique qui désormais étouffe la notion du bien commun. »

Hier soir, le dernier débat de la primaire de la droite et du centre, cet exercice formel où l’échange est avant tout prétexte à la posture, ne m’a pas vraiment rassuré. Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, il n’augure rien de bon pour le quinquennat 2017-2022. Mais voyons: ce ne sont pas les primaires en soi qui sont en cause. C’est plus profondément la dérive présidentialiste du régime politique français qui corrompt tout, en poussant la politique vers le culte de la personnalité et l’idolâtrie imbécile, le spectacle au détriment de la res publica, du monde réel et du bien commun. C’est la stricte vérité. Mais qui peut l’entendre aujourd’hui?

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction