Repenser le pouvoir politique?

DSC02219Ne revenons pas sur le spectacle indigne de la politique française, ce mélange d’obsession narcissique, de démence carriériste, de corruption et de mouchardage, de poussée de la violence extrémiste, de culte du mensonge, de course à l’absurde, et de manipulation permanente de l’opinion publique, de néant radical des idées, des projets et du sens du bien commun. J’ai honte pour mon pays de cet innommable spectacle de cour de récréation – et encore –   et n’en vois pas un pour racheter l’autre. Mais ailleurs dans le monde occidental, est-ce beaucoup mieux?

Quand même, les présidentielles américaines, donnent le sentiment de deux semi-débiles face à face, englués dans un climat aussi détestable que le nôtre: accusations personnelles, affaires de sexe, de famille et de fric, polémiques sans nom… En Allemagne, la débâcle de Mme Merkel, dont elle est entièrement responsable, est foudroyante. En Grande Bretagne, Mme May qui annonce des « jours difficiles » ne semble pas bien savoir où elle va et que faire de son Brexit, reporté à 2018… En Espagne, il n’y a plus de gouvernement stable depuis neuf mois… Nous pourrions aussi parler du Brésil, et de tant d’autres où la vie politique est en plein effondrement.

Peut-être fonctionnons-nous sur un mode d’exercice du pouvoir obsolète, qui est dépassé par le monde moderne. La radio puis la télévision, dans le contexte de nations fermées ont engendré la personnalisation du pouvoir, l’idée que le pouvoir politique s’incarne dans un visage. Nous sommes à l’ère d’Internet, de la transparence absolue, des nations ouvertes, de la circulation des idées, des images et des capitaux à la vitesse de la lumière, un monde ou des milliards d’individus devant leur écran ou le smartphone à tout moment ont accès à une infinité d’information et peuvent s’adresser à tous…

Pourtant, notre culture politique n’a pas changé: nous vivons avec ancré au fond de nous même l’idée d’un visage pour guider le pays. Pris pour cible dans un univers ou plus rien ne permet de contrôler les paroles et les images, ce visage est tenté par la fuite en avant, dans une sorte d’engrenage de la communication pour sauver son paraître. Ses décisions sont motivées avant tout par la quête de l’image et de l’apparence. Déconnecté de la réalité, des rapports d’ intérêts concrets, les choix d’image et de posture s’enchaînent et sont à l’origine des pires désastres de ces dernières années.

Il faut prendre acte du changement d’époque, repenser le pouvoir politique en profondeur, le sortir de la logique de la personnalisation qui désormais, ne saurait conduire qu’au désastre et à l’impuissance. Une Nation dans le monde moderne devrait être gouvernée par un conseil d’une douzaine d’hommes et de femmes sur un pied d’égalité, totalement solidaires, ne s’exprimant qu’avec l’accord et au nom de tous, élus pour une période relativement brève et non reconductibles, votant en cas de désaccord. Le chef de l’Etat (s’il faut faire une concession au besoin d’une nation de s’identifier à travers une personne miroir) doit redevenir un sage et une autorité morale, un arbitre sans pouvoir de décision hormis les crises mettant en danger la survie de la nation. Il faut pousser à fond la démocratie directe et la proximité en transférant le pouvoir aux communes et aux citoyens, en utilisant les ressources d’Internet pour faire vivre la démocratie. La discrétion, l’anonymat, l’efficacité et le gouvernement modeste, le silence actif, par contraste avec le tourbillon médiatique, doivent s’imposer comme les valeurs clés de l’avenir. La mégalomanie, la personnalisation à outrance et la communication narcissique doivent être bannies.

Pardon si ce que j’écris est perçu comme idiot. J’observe le cataclysme en cours dans le monde occidental et j’essaye de réfléchir. Ma réflexion est tellement isolée qu’elle peut paraître absurde et j’en suis bien conscient. Pourtant, je ne doute pas qu’elle touche un point décisif pour l’avenir du monde occidental.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction