La tragédie de Poissy, au-delà de l’indignation

« Une missive envoyée le 18 avril dernier, cinq mois avant la mort du lycéen, et révélée ce samedi 16 septembre par BFMTV, dans laquelle le rectorat menace les parents en citant l’article du Code pénal qui punit les dénonciations calomnieuses et semble remettre en cause les dires de l’adolescent en évoquant un « supposé harcèlement. » « Les propos que vous avez tenus et les comportements que vous avez eus envers des personnels de l’Éducation nationale (…) sont inacceptables », est-il par exemple écrit dans ce courrier censé répondre à l’inquiétude de parents regrettant l’inaction ou la lenteur de la communauté éducative face au problème.

Alors voilà, aujourd’hui, on s’élève contre cette lettre inadmissible de l’administration qui a choisi de sermonner les parents plutôt que de protéger leur enfant. Face à des parents inquiets pour le fils victime du harcèlement, l’Education nationale a brandi l’accusation de diffamation et la menace de porter plainte. Et cela se termine par le suicide du jeune homme. Aujourd’hui, les plus hautes autorités de l’Etat fustigent les services – placés sous leur autorité – qui sont responsables du drame et cherchent les responsables pour les sanctionner. Mais tout cela est-il dû au hasard, une simple défaillance individuelle?

Les responsabilités personnelles existent évidemment. Mais au-delà, c’est tout un climat qui est en cause: le mépris des gens. On les appelle selon les époques les sans dents, ceux qui ne sont rien, les jojos. On les méprise. C’est tout le climat de l’époque qui est en cause. Et derrière, une certaine conception de l’autorité verticale, jupitérienne. D’une part, il y a les élites éclairées censées conduire le pays dans la lumière du bien et de l’autre les moutons serviles, qui n’ont qu’à bien se tenir et obéir. Ce raisonnement a sévi pendant la réforme des retraites: 80% des Français et 90% des travailleurs, salariés ou professionnels la rejetaient. Non par paresse, mais parce qu’ils jugeaient cette réforme inutile et injuste.

Peu importe: il fallait que Jupiter ait le dernier mot et que les petites gens se taisent et marchent droit. Mais voilà, cette mentalité se répercute, d’échelon en échelon. Et à la fin, le détenteur d’un pouvoir, n’importe lequel a par définition raison tandis que le soumis doit se taire et subir. Voilà ou nous en sommes. Et dans n’importe quelle démocratie, une aussi épouvantable tragédie, devrait donner lieu non à l’indignation et des larmes de crocodiles, mais aussitôt à une cascade de démissions.

MT

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Author: Redaction