La nouvelle idéologie

sans-titreLe projet de loi sur la modernisation de la justice contient une mesure passée peu ou prou inaperçue mais qui en dit long sur notre époque. Désormais, chacun pourra changer de prénom comme il l’entend.   Or, le prénom c’est l’identité d’un homme ou d’une femme, ce qui le distingue de son entourage. Dans les valeurs fondamentales de notre époque figure de même « la théorie du genre » ou le libre choix de son identité sexuelle. Par ailleurs, toute personne doit pouvoir choisir en toute liberté son pays: d’où le culte de la mobilité, de la négation des frontières et des nations. Notre époque tend toute entière vers l’émergence d’un être éthéré, sans racine, sans passé, sans déterminisme. Le libre arbitre individuel est au centre de cette nouvelle idéologie. Chacun est ce qu’il veut être et rien d’autre. Ce principe explique beaucoup des politiques qui sont suivies dans le domaine de l’éducation: depuis des années, la disparition de l’enseignement de l’histoire chronologique, aujourd’hui la suppression du latin et du grec au collège, le saccage de l’orthographe et de la langue. Les symboles du passé sont banalisés, pour ne pas dire profanés, à l’image du mythe sacré de Verdun dans la mémoire de la France. L’idée est bien, comme dans toutes les idéologies, de pratiquer la table rase et d’engendrer un « homme neuf », ce vieux rêve de tous les totalitarismes. La décomposition de la politique en est un autre signe. En France comme ailleurs dans le monde occidental, elle n’est plus qu’un jeu de postures autour d’acteurs – comiques –  en concurrence pour le premier rôle. La politique comme choix d’un destin commun s’est volatilisée dès lors que plus rien n’existe en dehors de l’individu roi. Comme toute idéologie, celle-ci tend vers le fanatisme, la haine absolue de ce qui lui résiste. D’où la banalisation de la violence dans nos rues. Son triomphe correspond sans doute à un état du monde, de l’économie planétaire et des technologies, la tendance à la négation des différences, des peuples et des frontières. Il n’existe qu’un outil pour la combattre:  réhabiliter le savoir, l’intelligence, la culture et l’esprit critique. L’enjeu n’est pas de former des érudits mais de donner à chacun la sensibilité lui permettant de penser:  « Je sais que je ne sais rien ». Il faut placer l’enseignement du français, la  littérature, l’histoire chronologique, au centre de l’Education nationale et réhabiliter le latin et le grec. Mais qui en parle aujourd’hui?

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction