La dramatique crise politique et sociale qui vient

Ci-dessous ma dernière tribune pour Figaro Vox d’avant-hier. Elle s’achève par une citation d’André Tardieu: « Il n’y a rien de si tranquille qu’un magasin de poudre une demi-seconde avant de sauter ». Classe dirigeante déconnectée du pays, extrême impopularité de l’exécutif qui incarne l’arrogance et le mépris, blocage du Parlement en l’absence de majorité, multiplication des sources de mécontentement populaire, en particulier la paupérisation du pays [le retour de l’inflation n’est pas le fruit d’une fatalité mais la conséquence de la gabegie des années précédentes – le quoi qu’il en coûte]: toutes les conditions d’une nouvelle déflagration sont réunies. C’est à la fois désastreux, catastrophique pour le pays, ses habitants qui souffrent et mérité pour ceux qui en sont les responsables directs.

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Pendant que le pays souffre, que fait la classe dirigeante française?

Depuis au moins un demi-siècle, jamais la société française n’avait été confrontée à une telle conjonction de difficultés quotidiennes et d’angoisses pour l’avenir. Par-delà tous les aveuglements et les dénis, la France est un pays qui souffre en ce moment – même s’il n’est pas le seul ni le plus à plaindre et même si ses dirigeants actuels ne sont pas, loin de là, les seuls responsables de ce malaise.

Son école fait naufrage comme le confirment la crise des vocations de professeurs, les classements internationaux (élèves français avant-derniers de l’OCDE en mathématiques selon Timss, 23e en lecture et compréhension de texte). Les flux migratoires (271 000 premiers titres de séjour et 121 000 demandeurs d’asile en 2021) ne donnent aucun signe de répit. Le chômage reste à un niveau considérable de 5, 2 millions de personnes (pôle emploi). La désindustrialisation poursuit ses ravages (déficit commercial annuel de 100 milliards record absolu en Europe). Les violences continuent d’augmenter (agressions sexuelles, coups et blessures). La dette publique atteint des sommets (116% du PIB), tout comme la misère (plus de 9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté d’après l’INSEE). L’effondrement du système sanitaire et hospitalier s’est révélé dans toute son ampleur pendant l’épidémie de covid 19.

A tout cela s’ajoutent désormais l’inflation galopante (6% annuels), les fins de mois impossibles pour des millions de foyers, les pénuries annoncées d’électricité dues à la mise hors service de la moitié du parc nucléaire et soudain, comme cerise sur le gâteau, la rupture de l’approvisionnement en essence qui frappe de plein fouet les automobilistes.

En outre depuis une dizaine d’années, la France baigne dans une atmosphère profondément anxiogène qui semble ne jamais devoir prendre fin. Elle a été martyrisée par la vague d’attentats terroristes, suivie de la crise des Gilets Jaunes, le mouvement social, puis, aussitôt après, la crise sanitaire accompagnée d’une succession de mesures révélatrices de la fragilité de l’Etat de droit et des libertés (confinements, couvre-feu, passe vaccinal), alors que l’interminable succession des affaires politico-financières – malgré les promesses répétées d’exemplarité – amplifie le malaise général. Et désormais la guerre d’Ukraine bat son plein et la menace d’un conflit généralisé et de l’anéantissement atomique.  

Mais pendant que le pays souffre, que fait la classe dirigeante française ? Elle s’efforce de panser les blessures en distribuant des chèques qui aggravent les déficits et la dette sans pour autant apaiser durablement les souffrances. Elle s’éloigne du traitement de fond des graves problèmes de l’époque à travers une communication infantilisante par exemple sur la manière de se vêtir ou de régler la température des logements pour économiser le chauffage. Elle cultive les polémiques et les sujets de déchirement – qui visent à faire oublier le reste – à l’image de la « répartition » des migrants ou de la généralisation des éoliennes.

Mais surtout, elle soigne son destin. Les grandes manœuvres pour les élections présidentielles de 2027 voire 2032 sont déjà en cours, aussi incroyable que cela puisse paraître dans un tel contexte… Plusieurs candidats ont déjà annoncé, implicitement ou explicitement, cinq ans à l’avance, leur disponibilité éventuelle pour 2027 (dont par exemple, le dernier en date, M. François Bayrou qui s’est déclaré « prêt »). Mme le Pen elle-même n’exclut pas une quatrième candidature en cas de « circonstances vraiment exceptionnelles » (et qui doute qu’elles le seront ?)  Edouard Philippe annonce que son parti Horizon aura son propre candidat… Et bien d’autres ont dit ou laissé entendre qu’ils envisageaient d’être sur la ligne de départ… Voici à quoi pensent en ce moment les principaux responsables politiques de ce pays…

Pire, plusieurs articles de presse concordants (dont la Tribune par exemple), sur la base de confidences venues des plus hautes sphères, font état de calculs dans les coulisses du pouvoir visant à obtenir l’élection d’un fidèle de l’actuel chef de l’Etat en 2027 qui ouvrirait la perspective d’un retour de celui-ci en 2032 (la Constitution interdisant trois mandats consécutifs). Vrai ou faux ? Peut-il y avoir autant de fumée sans feu ?

Pendant que le pays souffre, les dirigeants politiques donnent ainsi le sentiment de préparer leur destin à l’horizon de 2027 ou 2032… La déconnexion – entre la souffrance réelle des Français et les pensées de la classe dirigeantes – fait rage. Les sondages de popularité sont en chute libre – prouvant que près des trois quarts des Français ne sont pas dupes. Les dirigeants actuels paraissent ne pas sentir le climat à la fois désespéré et explosif qui s’installe dans le pays. « Il n’y a rien de si tranquille qu’un magasin de poudre une demi-seconde avant de sauter » (André Tardieu).

MT

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Author: Redaction