Ellen MacArthur : « Notre objectif est de modifier le système, pas les comportements »

Navigatrice, présidente de la fondation qui porte son nom, Ellen MacArthur revient sur les enjeux de la consommation durable. Interview.

Comment définiriez-vous la consommation durable ?

Quand on dit consommation durable, on pense immédiatement à la provenance des produits, à la réduction des déchets... Mais ce que nous proposons à la Fondation Ellen MacArthur, c'est de penser davantage en amont. Je m'explique : nous considérons qu'il est préférable de concevoir au départ un système plus vertueux qui, justement, ne fasse pas porter au consommateur la responsabilité du « bon choix ». Chaque personne devrait pouvoir acheter en confiance, sans avoir à faire le tri entre les différents produits proposés, sans avoir à déchiffrer un étiquetage de plus en plus compliqué. Selon nous, c'est d'abord au producteur d'initier des cycles vertueux.

Le consommateur n'a-t-il pas un rôle à jouer ?

Bien sûr que si, et dans la phase de transition vers un modèle économique circulaire, plus positif et constructif, il reste utile de rappeler quelques principes de bon sens : acheter du saisonnier, du local, se poser la question de la consommation énergétique d'un appareil électroménager, du cycle de vie du produit... Le tri et le recyclage sont évidemment très importants, mais aujourd'hui, quand le consommateur achète un produit recyclable, qui peut lui garantir qu'il sera effectivement recyclé ? Il s'agit de considérer le système dans son ensemble, pas seulement les produits de manière isolée.
De notre point de vue, il est paradoxal d'inciter à « jeter mieux ». Notre postulat de départ, c'est que tout doit être réutilisable d'une manière ou d'une autre.

Que fait la Fondation Ellen MacArthur ?

Nous intervenons surtout auprès des entreprises et dans le secteur éducatif pour promouvoir la notion d'économie circulaire. Nous apportons la preuve par l'exemple, et les idées ne manquent pas. Je pense notamment à cette entreprise américaine qui a remplacé avec succès le polystyrène par un matériau réalisé à partir de sous-produits agricoles et de champignons. Dans un autre domaine, celui de l'automobile, on voit éclore une offre de pièces remanufacturées : elles offrent les mêmes garanties que les neuves mais permettent d'économiser jusqu'à 80 % d'énergie, 88 % d'eau et 92 % de produits chimiques. Même si, dans ce cas, le consommateur peut encore se montrer réticent pour de simples raisons de perception, c'est une bonne manière d'amorcer la pompe pour la bonne utilisation des matériaux.

Lire la suite sur le site du Ministère du Développement Durable, peut-être non effacé ...

Author: Redaction