Des nappes phréatiques
Les précipitations abondantes de fin octobre et de novembre ont eu un impact bénéfique sur les nappes. La recharge des nappes a débuté et 78% des points d’observation sont en hausse.
Les pluies infiltrées en profondeur ont permis d’engendrer une amélioration notable de l’état des nappes réactives et plus nuancée sur les nappes inertielles. La situation s’améliore considérablement : 48% des niveaux sont au-dessus des normales mensuelles en novembre (14% en octobre). L’état des nappes est géographiquement très contrasté. Les niveaux sont très favorables sur les nappes réactives des deux-tiers nord et du sud-ouest mais restent sous les normales pour les nappes de la Corse, du pourtour méditerranéen, de la plaine de la Limagne, du couloir Rhône-Saône, du sud de l’Alsace et du Bassin parisien.
Durant l’hiver, les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement de la pluviométrie. La recharge devrait se poursuivre sur les secteurs arrosés et la situation devrait alors se maintenir ou s’améliorer. En cas de précipitations insuffisantes, la vidange pourrait reprendre et l’état des nappes se dégrader. La situation devra être particulièrement surveillée sur les nappes de la côte méditerranéenne, du couloir Rhône-Saône et du Sundgau (sud Alsace), fragilisées par un étiage sévère.
Tendances d’évolution
La période de recharge débute habituellement avec les orages de fin août sur les nappes réactives et entre octobre et novembre sur les nappes inertielles. En 2023, la vidange s’est poursuivie tardivement, conséquence de pluies déficitaires et d’une végétation encore active en lien avec des températures élevées. La période de recharge s’est amorcée à partir de fin octobre, avec la mise en dormance de la végétation et l’arrivée d’épisodes pluviométriques importants. En octobre, la période de recharge s’est amorcée et les tendances étaient hétérogènes.
En novembre 2023, la période de recharge s’est généralisée à l’ensemble des nappes. Les niveaux sont en hausse pour 78% des points d’observation (41% en octobre).
Consécutivement aux précipitations survenues à partir de mi-octobre et qui ont perduré en novembre, les nappes ont commencé leur recharge entre fin octobre et fin novembre. Le décalage entre les pluies et le début de la période de recharge dépend essentiellement de la réactivité de la nappe. Ainsi, les basses eaux ont été atteintes dès la fin d’octobre pour les secteurs les plus arrosés abritant des nappes réactives. Certains points des nappes inertielles du Bassin parisien et du Sundgau (sud Alsace) affichent un étiage plus tardif, entre mi-novembre et fin-novembre 2023.
Ces phénomènes sont habituels pour cette période de l’année : la végétation est en dormance et une grande partie des pluies s’infiltre vers les nappes. A noter cependant que les précipitations très excédentaires ont engendré des augmentations des niveaux sur les deux-tiers nord et le sud-ouest de la France, d’autant plus rapides et importantes que la nappe est réactive. Ces pluies efficaces ont été bénéfiques pour assurer une forte recharge sur les nappes.
Sur le pourtour méditerranéen, les tendances sont plus contrastées. Les épisodes de recharge de fin octobre à début novembre ont essentiellement bénéficié aux nappes de haute et moyenne altitude. Dans les plaines et sur la côte, la recharge s’est amorcée fin octobre mais la vidange a ensuite repris. Enfin, en contexte de faibles précipitations, la recharge ne semble pas avoir débutée sur les nappes de la plaine du Roussillon et sur le massif des Corbières.
Situation des nappes
La situation des nappes en fin d’hiver 2022-2023 était peu satisfaisante. Les pluies du printemps et de l’été ont permis de maintenir voire d’améliorer l’état des nappes situées sur les secteurs les plus arrosés.
Les pluies infiltrées à partir de la deuxième quinzaine d’octobre ont eu un effet notable sur les nappes. La situation générale s’est améliorée en novembre : 41% des points d’observation sont en-dessous des normales mensuelles, 11% sont comparables et 48% sont au-dessus (respectivement 65%, 21% et 14% en octobre). La situation est plus favorable que celle observée l’année dernière, en novembre 2022, où 70% des niveaux étaient situés sous les normales. Seules les nappes du Languedoc et du Roussillon conservent des niveaux plus bas qu’en 2022.
La situation en novembre 2023 est très hétérogène, avec des niveaux très bas à très hauts. L’évolution de l’état des nappes entre octobre et novembre dépend du cumul pluviométrique de ces dernières semaines et de la réactivité des nappes.
Sur les deux-tiers nord du territoire et sur le sud-ouest, les épisodes de recharge ont été très bénéfiques. Les nappes réactives réagissent rapidement aux précipitations automnales.
Les situations s’améliorent considérablement et les niveaux sont très satisfaisants, généralement de modérément hauts à très hauts. Concernant les nappes mixtes à inertielles, les situations évoluent lentement et sont hétérogènes. L’état des nappes est favorable sur l’Artois, l’est de la Lorraine, la plaine d’Alsace et l’Avant-Pays savoyard.
La situation reste dégradée sur les nappes inertielles à mixtes du centre et de l’ouest du Bassin parisien, de la plaine de la Limagne, du Sundgau (sud Alsace) et du couloir Rhône-Saône. Des niveaux préoccupants, de bas à très bas, sont toujours observés localement dans le Bassin parisien et le couloir Rhône-Saône.
Prévisions
Les prévisions saisonnières de Météo-France pour les mois de décembre 2023, janvier et février 2024 privilégient des températures plus élevées sur l’ensemble du territoire et des conditions plus humides que la normale sur une grande partie nord du territoire. Aucun scénario ne se dégage concernant les précipitations sur le pourtour méditerranéen.
Les tendances et l’évolution des situations de ces prochaines semaines dépendront exclusivement des pluies infiltrées, et donc des cumuls pluviométriques, et du temps de réponse de la nappe (réactivité / inertie). En cas de pluies efficaces normales à excédentaires, la recharge devrait se poursuivre. Les situations devraient alors se maintenir ou continuer à s’améliorer. Si la pluviométrie est insuffisante, les pluies infiltrées ne permettront pas de compenser les volumes de sortie (exutoires naturels et prélèvements). La vidange pourrait reprendre sur les nappes des secteurs impactés et la situation se dégradera, lentement sur les nappes inertielles et rapidement sur les nappes réactives.
Sur les nappes des deux-tiers nord et du sud-ouest, le début de la recharge 2023-2024 est très excédentaire. Les précipitations annoncées en décembre devraient engendrer de nouveaux épisodes de recharge et les prévisions saisonnières sont optimistes.
Concernant les nappes réactives, ce début de recharge hivernale permet d’espérer des niveaux satisfaisants en sortie d’hiver. Cependant, la situation peut également se dégrader rapidement en cas de pluviométrie insuffisante. Les niveaux de l’été 2024 dépendront d’une recharge abondante durant l’hiver et perdurant durant le printemps, afin de repousser le début de la période de vidange.
L’état des nappes inertielles de l’Artois, du Bassin parisien, du Sundgau et du couloir Rhône-Saône devrait continuer à s’améliorer progressivement dans les prochaines semaines avec l’infiltration lente des pluies de l’automne. A plus long terme, des pluies excédentaires seront nécessaires durant tout l’hiver pour retrouver des niveaux comparables à au-dessus des normales. La reconstitution des réserves en eau souterraine d’ici le printemps est cependant difficilement envisageable, sauf pluviométrie très excédentaire sur les prochains mois, sur les secteurs affichant des niveaux très bas en novembre.
Concernant les nappes du pourtour méditerranéen, les tendances et l’évolution des situations sont très incertaines et dépendront du cumul pluviométrique de ces prochains mois. Le retour à des niveaux au-dessus des normales d’ici la sortie d’hiver 2023-2024 sera possible en cas d’épisodes pluviométriques importants et bien répartis dans les prochains mois. L’atteinte de niveaux normaux sera compliquée pour les nappes affichant des niveaux très bas en novembre. Il semble difficilement envisageable de reconstituer durablement les réserves des nappes du Roussillon d’ici le printemps 2024.
En début de période de recharge, il est primordial de laisser le temps aux réserves en eau fragilisées de se reconstituer durablement. L’unique solution pour préserver l’état des nappes, et ainsi maintenir la continuité entre eaux souterraines et eaux superficielles, est de limiter les prélèvements en eau. La recharge 2023-2024 conditionnera les niveaux de l’année prochaine. Durant l’hiver et le début du printemps, période favorable à la recharge, la situation devra donc être surveillée sur l’ensemble des nappes du territoire et plus particulièrement sur les nappes ayant enregistré un étiage 2023 sévère.