Réforme de la vie politique

Que penser du projet de loi sur la moralisation de la vie publique? Sans doute faut-il interdire les « emplois familiaux » et limiter le nombre de renouvellements successifs des mandats politiques. Ces mesures répondent à une attente de l’opinion. Cependant, elles ne touchent qu’à la surface des choses. Le vrai sujet est ailleurs, infiniment plus difficile et plus grave. Il concerne l’avenir de la démocratie française. Le système politique qui s’est mis en place au fil des décennies est à la fois anti démocratique, absurde et inefficace. Il donne l’illusion de l’autorité en concentrant l’image de la vie publique sur le visage d’un seul homme. Les événements de ces derniers mois illustrent la dégradation de la démocratie française: élection d’un chef de l’Etat avec un faible niveau d’adhésion populaire au premier tour (18% du corps électoral), à l’issue d’un gigantesque scandale, puis au deuxième tour contre le candidat « repoussoir » institutionnel, entraînant, par effet mécanique, le triomphe d’une assemblée à sa botte. Le Parlement se voit ainsi annihilé de fait, n’existant plus qu’à travers un rôle d’annexe élyséenne. Le Gouvernement se trouve asphyxié dans l’apparence de toute puissance présidentielle cultivée par une sur-médiatisation quotidienne. Le décalage entre le faible niveau d’adhésion initiale et le faux-semblant d’une emprise totale d’un homme sur la vie publique est source d’un dangereux vertige. La vie politique, dans un tel système, se focalise sur le visage d’un homme. Elle se cantonne dans l’illusion de l’autorité tout en détruisant les racines de la véritable autorité, son ancrage dans la population à travers ses relais gouvernementaux ou parlementaires. La politique moderne a besoin d’un équilibre entre le président, chargé de présider, le Premier ministre et le Gouvernement ayant vocation à gouverner, et le Parlement, dont la noble mission est d’incarner la Nation. Nous venons de franchir, ces derniers mois, une nouvelle étape dans la rupture de cet équilibre. A terme, la cassure entre le pouvoir et la Nation ne peut qu’en sortir aggravée. Nous risquons d’assister à une fuite croissante de ce pouvoir au loin du monde des réalités, dans les limbes de la posture et des gesticulations, une aggravation des déchirures et la poursuite de la dégringolade de notre pays. Tout ceci est infiniment plus complexe que la limitation du nombre de mandats des députés mais aussi, infiniment plus essentiel… La France a une démocratie à refonder de A à Z.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction