Partir?

La France me fait de la peine. Il paraît que M. Mélenchon est devenue la personnalité politique la plus populaire de notre beau pays: 68% de confiance dans un récent sondage. Sa fulgurante ascension dans les enquêtes d’opinion fait de lui un prétendant possible au trône présidentiel. Que propose-t-il? 270 milliards de dépenses publiques supplémentaires, 120 milliards d’impôts supplémentaires, des recrutements massifs dans la fonction publique, l’annulation de la dette publique, les 35 heures pures et dures, la confiscation des hauts salaires, la sortie de l’Union européenne pour s’affranchir des contraintes budgétaires (son plan B), etc. Et les Français sont contents: ils approuvent largement un programme qui entraînerait la ruine de l’économie française. Oh, je n’ai pas plus d’estime pour les électeurs sensibles aux sirènes du lepénisme: repli nationaliste, protectionnisme, étatisation de l’économie, démagogie (35 heures, retraites…). Eux aussi sont victimes d’une prodigieuse manipulation, cette étrange sublimation médiatique du parti lepéniste, une mise en avant éhontée dans les médias d’un repoussoir qui permet de fixer 25% de l’électorat ainsi perdu pour le projet d’alternance tout en sachant que ce parti, compte tenu de son histoire, n’aura jamais la moindre chance d’accéder au pouvoir. Et la manipulation fonctionne, comme sur des roulettes. Quant au macronisme, c’est un autre phénomène fascinant, prodigieux, un émerveillement permanent: comment un conseiller et ancien ministre de M. Hollande est parvenu, par la magie des médias,  à incarner une forme de renouveau et de « véritable alternance »? Les bras m’en tombent. En tout cas, belle réussite. Certes M. Fillon a subi un acharnement inouï, montrant la puissance du rouleau compresseur idéologique qui soumet la France, mais il faut bien admettre, pour être honnête avec soi-même, que sa défense n’a pas été franchement à la hauteur. Bien sûr, le cause profonde de cette déchéance française est le déclin de l’intelligence et de la culture: quand beaucoup de gens ne connaissent plus l’histoire, ne savent plus écrire, n’ont plus la moindre notion de littérature ou de philo, ne lisent plus, ou lisent les mémoires de Nabilla (un triomphe!)gavés de jeux vidéo et de télé-réalité, ils perdent tout  sens critique, et sont prêts à avaler n’importe quoi. Là encore, nous assistons au triomphe d’une entreprise d’abêtissement de masse qui ne date pas d’hier. Quitter la France, dans ce contexte lamentable, déshonorant? Pour la première fois, j’y songe vraiment, un départ positif, de résistance, provisoire peut-être, pour préparer l’avenir à l’image de l’exil londonien en juin 1940. Mais pour aller où? J’hésite: le Portugal, l’Italie et la Suisse auraient ma préférence, mais aussi le Canada: au Québec, ils accueillent volontiers les Français libres paraît-il.
Maxime TANDONNET

 


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Author: Redaction