Par-delà les sondages apparemment contradictoires sur EM

Il est entendu que dans la république sondagière, les enquêtes d’opinion exercent un rôle décisif pour façonner l’opinion ou tenter de l’orienter. Les derniers sondages concernant le chef de l’Etat peuvent paraître contradictoires: 44% pensent qu’il est un « bon président », mais 64% souhaitent qu’ils ne se représente pas (donc 36% qu’il se représente) et 24% se déclarent prêts à voter pour lui dès le premier tour. De fait, ces sondages ne mesurent pas la même chose. 44% pensent qu’il est un « bon président » (et 56% le contraire). C’est un score supérieur à celui de ses prédécesseurs selon le matraquage des éditorialistes (en gros respectivement 30 et 20%). La comparaison est largement faussée. Nous sommes depuis deux ans dans une crise sanitaire qui n’en finit pas. En sa faveur s’exerce un réflexe légitimiste comme face à toute crise. Le pays (enfin, une minorité) s’en remet plus facilement à l’autorité (lors des attentats terroristes celle de François Hollande est montée jusqu’à 60% +30% en quelques jours). La différence est que celle-ci s’étire dans le temps, et n’en finit pas, mais le réflexe est de nature identique, étalé sur plusieurs mois. 64% ne souhaitent pas qu’il se représente: là on est dans la logique du régime: pendant 5 ans, un personnage incarne le pouvoir politique à lui tout seul. Son mandat a commencé dans la promesse d’une transformation de la France et d’un « nouveau monde ». Il s’est déroulé et s’achève dans la déception et le chaos (d’ailleurs comme ses prédécesseurs). Il est normal qu’une forte majorité de la population environ les deux tiers, ait le désir de passer à autre chose qui ne sera pas forcément meilleur (qui y croit encore?) mais qui au moins s’incarnera dans un visage différent. Enfin, 24% sont prêts à voter pour lui au 1er tour, tel est le vrai taux d’adhésion, environ un quart de la population. Ce chiffre est probablement conforme à ce qu’étaient les intentions de vote en faveur de NS en 2012 voire FH s’il s’était présenté en 2017. Il peut suffire à être réélu sans pour autant assurer la réélection. La forte probabilité est que si EM se retrouve au second tour contre tout candidat autre que de droite extrême ou radicale (suscitant un rejet de la majorité de la population), il ne sera pas réélu. Mais il montre aussi l’absurdité du système, son caractère foncièrement antidémocratique et anti républicain. Un quart (voire un cinquième) d’adhésion permet à un individu de se porter en chef unique du pays. D’où le basculement d’un régime, de décennie en décennie, dans l’autocratie narcissique, vaniteuse et irresponsable au détriment du bien commun. D’où la fracture démocratique, la défiance de 80% des Français envers les politiques (cevipof). Et pire: en vendant au pays la croyance (idiote) en un sauveur providentiel, ce système favorise une violente poussée d’abrutissement hystérique. Plus le temps passe et plus je suis pour ma part favorable au retour à un régime mixte, présidentiel pour la représentation internationale ou la défense, et parlementaire, avec un authentique Premier ministre (désigné sur un mandat de deux ans) et des ministres responsables devant un Parlement devenu représentatif du pays, pour la politique interne (économique, sociale, sécuritaire, sanitaire). Ce ne serait évidemment pas l’idéal ni une solution miracle, mais un système tout de même moins nocif et absurde que l’actuel système.

MT

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Author: Redaction