Narcissisme en politique et médiocrité intellectuelle

narcisse-samedi[1]Je trouve ceci dans le Point : « Mercredi 26 novembre, à l’Élysée, François Hollande remet les insignes de grand-croix de la Légion d’honneur à l’écrivain et académicien Jean d’Ormesson. Il commence ainsi son discours : « Vous avez réussi tout au long de votre vie à être aimé. Je me suis posé cette question : comment avez-vous fait ? Aimé de tous ! » Après un éloge, il conclut : « Ceux qui racontent l’Histoire ont plus de chances d’être aimés que ceux qui font l’Histoire. »  Il n’est pas le seul dans la classe politique française. La plupart des pontes de la vie publique, candidats déclarés ou potentiels au poste de chef de l’Etat, sont obsédés par l’idée d’être aimés, de laisser leur nom dans l’histoire, de « faire l’histoire ».  Il faut voir dans cette mégalomanie, qui finit par noyer tout sens du bien commun, la trace d’un double phénomène: la quintessence de l’évolution narcissique et individualiste de la société en général – moi d’abord – et l’effet de l’hyper-présidentialisation des institutions: rien ne compte en dehors de l’Elysée, même si le pouvoir élyséen relève, comme je l’ai dit mille fois, en grande partie de la frime et de l’illusion. Mais surtout, c’est le signe du déclin de l’intelligence. Car il faut à l’évidence manquer d’intelligence, de clairvoyance, de recul,  pour se donner autant d’importance à soi-même et penser que l’histoire retiendra autre chose que vos échecs, vos ridicules, vos promesses trahies. Paul Deschanel – président de la République en 1921, tombé du train en pyjama  – est décidément le précurseur de la politique moderne. Mais il ne faut surtout pas penser que les politiques se sont de tout temps caractérisés par leur médiocrité et leur bêtise. Dans l’histoire, la démocratie française en a produit de profondément brillants et lucides. Je songe par exemple à André Tardieu, major de l’école normale supérieure et du concours du Quai d’Orsay, qui écrivait après son expérience du pouvoir comme président du Conseil: « J’ai fait, pendant 14 mois, ce que j’ai pu. Et c’est précisément de pouvoir si peu au regard de ce qu’on veut qu’on reste blessé au cœur. » (L’épreuve du pouvoir, Flammarion, 1934). Intelligence, lucidité, modestie face à  l’histoire: qualités précieuses et bienheureuses, qui vont bien souvent de concert.sans-titre

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction