Liban une tragédie française

L’explosion accidentelle qui a fait plus de 100 morts, des dizaines de milliers de blessés et 300 000 sans logis dans le port de Beyrouth est emblématique de l’effondrement d’un pays. Le Liban, peuplé de 4 à 5 millions d’habitants était jadis surnommé la Suisse de l’Orient. Depuis 1975, il est précipité dans une descente aux enfers sans fin: invasion syrienne, guerres d’extermination, occupation iranienne à travers le Hezbollah, prises d’otage, assassinats, massacres, désastre économique… Il est devenu le symbole d’une nation déchiquetée et en proie au chaos. A l’origine de la tragédie? Un Etat faible et impuissant, inexistant, rongé par la fragmentation du pays en communautés ennemies et armées – chrétiens, sunnites, Druzes, chiites – devenu le champ clos d’un affrontements des puissances locales. Mais derrière le morcellement et l’écroulement du Liban se profile l’échec fondamental de la France. L’influence française sur le territoire libanais remonte notamment à Napoléon III et à l’intervention française pour secourir les chrétiens maronites en conflit avec les Druzes (1860). A l’issue de la Grande Guerre, et du démantèlement de l’Empire Ottoman, les traités de paix instaurèrent un protectorat français sur le Liban, qui a duré officiellement jusqu’à 1936, se transformant par la suite en un partenariat fusionnel fondé des liens familiaux, économiques, culturels, linguistiques, rattachant la France à ce pays francophone et francophile du proche-orient. La désintégration progressive du Liban, qui atteint désormais son paroxysme, coïncide avec le recul de la France, économique, militaire, diplomatique, à compter du milieu des années 1970, et le vertigineux déclin de son influence internationale. La nature a paraît-il horreur du vide. L’effacement et le renoncement français au Liban (comme ailleurs) a ouvert la voie à son dépeçage. Les coups de menton et les gesticulations narcissiques de dirigeants français, comme toujours, n’y changeront pas grand chose… Puisse le drame d’hier provoquer une prise de conscience.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction