Les élections démentes

Les élections présidentielles sont en train de sombrer dans la démence. Le dernier évènement est la fulgurante poussée de M. Mélenchon. Son programme est fascinant: il est entièrement et explicitement fondé sur la négation de tout principe de réalité: les contraintes budgétaires, juridiques, humaines, sont évacuées de son raisonnement. Des centaines de milliers d’emplois publics sont créés dans tous les domaines, la France engage sa sortie du nucléaire, la retraite est rétablie à 60 ans pour 40 années de cotisation, le cannabis est légalisé, la conquête spatiale relancée (base permanente sur la lune), les tranches de l’impôt sur le revenu sont portées à 14 pour ponctionner davantage les gros salaires, l’ISF est renforcé, les entreprises font l’objet de prélèvements massifs, la France renonce unilatéralement à la règle « absurde » des 3% de déficit public, elle applique unilatéralement des mesures protectionnistes, une vertigineuse augmentation des salaires, des pensions de retraites et minima sociaux, la sortie de l’euro voire de l’Europe est envisagée dans un « plan B ».

Etrange programme: M. Mélenchon annonce l’élection d’une « assemblée constituante » pour élaborer une 6ème République. Cela signifie-t-il que les élections législatives n’auraient pas lieu en juin? Ou que l’Assemblée élue serait aussitôt dissoute pour réélire une constituante? Il veut sortir de la « monarchie présidentielle ». Mais la contradiction est patente: lui-même, en présentant un programme présidentiel ultra précis et d’inspiration révolutionnaire, s’engage dans une logique ultra-présidentielle. Ce programme indique qu’une fois la nouvelle constitution votée, le président de la République (lui-même) démissionnera. Mais alors, pourquoi s’être fait élire sur un pareil programme pour démissionner quelques mois après? Quelle logique, quel sens? quelle sincérité?

Allons donc, un second tour des élections présidentielles opposant le candidat lepéniste à M. Mélenchon n’est plus à exclure désormais: extrême droite contre parti communiste. Le résultat, que l’un ou l’autre l’emporte, sans doute M. Mélenchon dans un tel cas de figure, serait de précipiter le pays dans l’apocalypse. Alors, les Français sont-ils en train de devenir fous, suicidaires, déments? La vérité, c’est qu’ils n’ont pas lu les programmes. Ils se fient à une impression, un fantasme, une sensation. M. Mélenchon est un orateur, parle fort, avec assurance, regarde droit dans les yeux, semble n’avoir peur de rien. Le comédien est excellent, parfait, il est même meilleur que les autres comédiens, les Pen et Macron, pourtant plein de talent eux aussi, alors que Fillon semble de plus en plus éteint. Dans la grande comédie politico-médiatique, son numéro  emporte la conviction. Et la France décérébrée, amputée de toute capacité de réflexion et de sens critique marche, comme un troupeau de moutons, vers l’abattoir, vers l’abîme. C’est notre système politique qui est totalement pourri, cette pseudo élection présidentielle devenue l’otage des sondages, des débats bidonnés et du grand guignol médiatico-politique.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction