Les 12 travaux de l’opposition

sans-titrePlusieurs personnalités de l’opposition viennent de publier un ouvrage collectif de propositions pour "redresser la France". Les 12 travaux de l’opposition (Flammarion septembre 2014) ont l’intérêt immense d’ouvrir le débats d’idées, dans un cadre collectif, en sortant du combat de coqs. Parmi les contributions les plus enrichissantes, Benoist Apparu propose de créer de grandes régions, sans supprimer les départements. Xavier Bertrand souhaite renouer avec une politique de fermeté sur la sécurité, assortie d’un programme de création de places supplémentaires de prison (80 000) et une réforme profonde de la magistrature. Valérie Pécresse envisage une transformation de l’Education nationale fondée sur l’autonomie et la responsabilité des établissements scolaires. Alain Juppé met fortement l’accent sur l’intégration, dont le succès est subordonné à la maîtrise effective du flux migratoire, espérant ainsi reconquérir "une identité heureuse". Brice Hortefeux présente de nombreuses suggestions dans ce but, en particulier la relance de son "pacte européen" pour l’immigration et l’asile. Nathalie Kosciusko-Morizet prône une "écologie politique massive et planétaire", en s’appuyant sur de nombreux exemples concrets. Jean-François Copé se penche sur le mode de gouvernance en préconisant l’usage des ordonnances pour mettre en œuvre une politique. Sa contribution est riche et passionnante dans la mesure où elle souligne une prise de conscience de la question de l’impuissance publique et de la nécessité de restaurer des outils de gouvernement. Dommage, il commet (me semble-t-il) une erreur historique "Lorsque le général de Gaulle revint au pouvoir en juin 1958, il consacra sans attendre une nouvelle méthode de gouvernement: le gouvernement par ordonnance".  Rien de plus faux je crois. Pendant 7 mois, le Général a gouverné en tant que président du Conseil de René Coty, dans le cadre des institutions de la IVème République qui ne comportaient évidemment pas les ordonnances. Celles-ci sont entrées en vigueur avec la nouvelle Constitution de la Vème République, à partir de janvier 1959… Autre texte particulièrement intéressant, Laurent Wauquiez préconise, sur la base de nombreuses propositions, de fonder le renouveau de la politique sur la transparence et la morale. Bien sûr on pourra ironiser, dénigrer comme toujours. Ce livre comporte des lacunes sérieuses: il passe à côté de l’indispensable chantier de la réforme des institutions pour permettre à la future majorité de piloter, de gouverner réellement le pays. Il n’est guère prolixe sur le fléau majeur de la société française: le chômage de masse, notamment des jeunes. Il ne dit rien sur les 2000 milliards de la dette publique, ce fardeau français.  Il m’a cependant beaucoup plu, davantage par son esprit – collectif et constructif – que par son contenu. Il représente une étape, même modeste, dans la bonne voie: en finir avec le ballet des nombrilismes pour se pencher enfin sur les questions de fond. Je ne cesse de me répéter: le nom du futur président de la République n’intéresse absolument pas les Français, la grande majorité silencieuse. Ils ne veulent pas le savoir. Ils se décideront au dernier moment, dans les six derniers mois, comme toujours, et comme toujours, ne se laisseront guider leur choix par personne. Pour l’instant les politiques n’ont qu’un seul devoir: travailler pour préparer l’avenir du pays, au service des Français, à l’image de ce petit livre sympathique, sans prétention, mais utile au moins dans les perspectives qu’il ouvre.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction