L’effarant aveuglement de « l’Europe d’en haut » (élections italiennes)

Les élections législatives italiennes se traduisent par un raz-de-marée « antisystème », les deux tiers des suffrages se portant sur le nouveau parti « anti-élite » et sur la coalition anti-immigration autour de la Ligue du Nord. Les Italiens ont exprimé massivement, avec une participation de 74%, sans aucune commune mesure avec la participation française (49%), un vote de défiance absolue, envers ce qui est perçu comme une caste dominante, politique, médiatique, eurocratique. Ce vote de défiance intervient 12 ans et demi après les victoires du non aux référendums français et hollandais, trois ans après la crise grecque, un an après le  prodigieux séisme du Brexit et  alors que plusieurs pays d’Europe orientale, dont la Hongrie et la Pologne sont entrés en rébellion ouverte contre Bruxelles. Nous sommes sur un phénomène de long terme, un mouvement historique, qui est celui de la désintégration du Léviathan bruxellois, essentiellement en raison de sa politique migratoire. La question n’est pas de dire que c’est bien ou que c’est mal, mais simplement d’ouvrir les yeux. La France a tenu, n’a pas basculé sur le plan politique jusqu’à présent, en raison de deux artifices qui ont triomphé en 2017: l’imposture présidentialiste qui soumet la vie démocratique à une mystification médiatique et le lepénisme  à outrance destiné (avec succès) à diaboliser toute voie dissidente. Combien de temps cette double imposture peut-elle perdurer? L’Allemagne, avec sa coalition bancale, est désormais menacée à son tour d’un titanesque séisme politique. Il est difficile de compter sur la nomenklatura médiatique, politique, eurocratique, enfermée dans sa camisole de dogmes et de certitudes, son mépris de la « vile multitude », qui s’exprime dans la formule maudite de populisme (dérivé du mot « peuple »), pour prendre conscience de l’évidence du drame qui est en train de se nouer à l’échelle de l’histoire. Face à cette crise, on aurait pu imaginer une volonté commune de refonder l’Europe sur des bases radicalement nouvelles, le rejet de la logique bureaucratique, la restauration des valeurs démocratiques, le respect des nations, l’unité intrinsèque des peuples européens – qui s’exprime paradoxalement dans une révolte commune -, la maîtrise de l’immigration accompagnée d’un élan de solidarité avec l’Afrique. Mais c’est toujours la même chose, l’histoire bégaille: il faut qu’un désastre apocalyptique se produise pour que les yeux s’ouvrent enfin – et alors, il est trop tard.

Maxime TANDONNET

Lire la suite sur le blog perso de Maxime Tandonnet ...

Author: Redaction