Lecture: Goering « l’homme de fer », François Kersaudy, Perrin 2022 (collection « maîtres de guerre »)

En lecture d’été, sur la plage ou dans un transat face à la mer ou la montagne, je recommande vivement la lecture passionnante de ce Goering, maître de guerre, un bel ouvrage enrichi de nombreuses illustrations. Issu d’une famille d’officiers, ayant vécu une jeunesse dorée de château en château, le jeune Goering est une tête brûlée, beau garçon, séducteur, rebelle, délaissé par son père, élève médiocre et insolent. Aventurier, il entre dans l’armée et s’impose comme un des as de l’aviation allemande en 1914-1918 avant d’être séduit par la personnalité d’Hitler dont il est l’un des premiers compagnons et leader du parti « national socialiste », en exil en Autriche après le coup d’Etat raté de 1923. Goering est un nazi à part. Adversaire des autres grands pontes du parti hitlérien, notamment Goebbels et Himmler qui le méprisent et le haïssent, il est bien davantage un opportuniste cynique qu’un idéologue. Sans doute d’une intelligence supérieure à celle de ses comparses, il s’enrichit dans des affaires douteuses, se montre très réservé face aux coups de force puis aux conquêtes de son idole dont il pressent à chaque fois qu’elles conduisent à la catastrophe. Mais totalement fasciné et sous l’emprise du chef nazi, terrorisé par lui, il se soumet systématiquement. Son comportement est plus celui d’un voyou ou d’un bandit sans scrupule que d’un idéologue, obsédé par le pillage des œuvres d’art pour son propre compte partout où sévit la barbarie nazie. Cumulant les fonctions, celle de ministre de l’Intérieur de Berlin, de responsable de la planification et de ministre de l’aviation, dauphin du Führer (appelé à lui succéder en cas de disparition), il se comporte en dilettante, ne se rend pas sur les champs de bataille, ne s’occupe guère des dossiers et questions de fond, part en vacances ou à la chasse au moment des grandes attaques hitlériennes – notamment lors de l’offensive Barbarossa contre l’URSS le 20 juin 1941. Dès lors, tenu pour responsable des échecs de l’aviation allemande notamment lors de la bataille d’Angleterre, puis des bombardements massifs des villes allemandes, y compris de la défaite de Stalingrad (il a délibérément menti sur les capacités de l’aviation à secourir l’armée en perdition pour calmer la colère du Führer), il tombe en disgrâce. Mais jusqu’au bout, jusqu’à son suicide par empoisonnement pour éviter la pendaison, après sa condamnation à mort lors du procès de Nuremberg, il n’aura de cesse que de vouloir défendre son Führer… Un livre superbe sur les ravages de l’opportunisme, du cynisme et de l’idolâtrie.

MT

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Author: Redaction