Le vote sanction

Il est de bon ton aujourd’hui de relativiser, voire de nier les résultats des municipales du 15 mars 2020, en vertu d’une faible participation de 44%. Etrange deux poids de mesures: le taux de participation n’était guère plus élevé lors des législatives de 2017 ou des Européennes de 2019. Et nul n’a eu l’idée de nier la portée et la légitimité de ces résultats.

Certes, il convient de respecter scrupuleusement le choix de 56% de Français de ne pas se rendre aux urnes, dont beaucoup se sont abstenus par prudence envers le coronavirus. Il n’est pas absurde non plus de respecter, tout autant, celui des 44% de Français qui ont pris le (supposé) risque d’aller voter. D’ailleurs, des précautions intenses avaient été prises dans les bureaux de vote où le risque était infime ou inexistant. Il était en tout cas infiniment plus faible que celui que prennent les médecins, les membres du personnel médical, les policiers et les pompiers pour sauver les vies des autres, et tous les citadins obligés de prendre les transports en commun pour garder leur emploi. Il était sans doute moins élevé que celui que prend chacun de nous chaque jour en se rendant au marché ou dans un magasin pour faire ses courses.

Bref, il faut aussi respecter le choix d’aller voter des 44% de Français qui voulu faire leur devoir de citoyen nonobstant la peur du virus.Le scrutin municipal a bien eu lieu un 15 mars 2020.

Mais alors, quel constat tirer de cette élection chaotique et sans lendemain puisque le deuxième tour a de bonnes chances d’être annulé ou reporté? D’ailleurs, chacun aura noté la disparition des estimations globales en pourcentage, par courant politique, pourtant classiques après chaque élection municipale. Qu’il y aurait-il à cacher?

S’il est un enseignement évident, à tirer de ce scrutin, un enseignement non dit, largement occulté, c’est la débâcle vertigineuse du parti présidentiel, LaREM. Son échec à s’implanter localement dans la cour des grands est flagrant, presque caricatural. Partout, quand ce parti s’est présenté sous son identité, le score qu’il réalise est désastreux, par exemple éliminé à Limoges, en 3e position à Lille, Besançon, Rennes, Rouen, en 4e position à Perpignan, en 3e position à Paris, avec 17,6%, à Bordeaux où Thomas Cazenave est distancé (favori à l’origine) en 3e position avec 12,9%, à Lyon où le candidat de Gérard Collomb, Yann Cucherat, est également en 3e position avec 14,9%…

Un vote sanction franc et massif a bien eu lieu, visant les dirigeants actuels. Le fiasco, passé pudiquement sous silence, est vertigineux. Pour autant, nul ne triomphe vraiment. En dehors de rares places fortes qu’il détient, aucune poussée nationale RN n’est à noter. Il serait tout autant excessif de parler d’une « vague bleue » (Paris), même si LR, annoncé moribond après les Européennes, tient fermement sur ses positions.  La reconstitution de la gauche plurielle PCF/Verts/PS, obtient quelques relatifs succès qui doivent faire réfléchir et inquiéter: pire que LaREM est possible. Bref, le paysage politique ne cesse de s’assombrir, de devenir de plus en plus incohérent et imprévisible. La décomposition se poursuit. Il faut beaucoup d’aveuglement pour croire que le pouvoir LaREM sera reconduit en 2022. Mais le plus invraisemblable, c’est qu’aucune solution de rechange ne semble s’esquisser nettement. Allons nous vers un chaos politique toujours plus grand? Et qu’en sortira-t-il?

Maxime TANDONNET

 

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Author: Redaction

Le vote sanction

Il est de bon ton aujourd’hui de relativiser, voire de nier les résultats des municipales du 15 mars 2020, en vertu d’une faible participation de 44%. Etrange deux poids de mesures: le taux de participation n’était guère plus élevé lors des législatives de 2017 ou des Européennes de 2019. Et nul n’a eu l’idée de nier la portée et la légitimité de ces résultats.

Certes, il convient de respecter scrupuleusement le choix de 56% de Français de ne pas se rendre aux urnes, dont beaucoup se sont abstenus par prudence envers le coronavirus. Il n’est pas absurde non plus de respecter, tout autant, celui des 44% de Français qui ont pris le (supposé) risque d’aller voter. D’ailleurs, des précautions intenses avaient été prises dans les bureaux de vote où le risque était infime ou inexistant. Il était en tout cas infiniment plus faible que celui que prennent les médecins, les membres du personnel médical, les policiers et les pompiers pour sauver les vies des autres, et tous les citadins obligés de prendre les transports en commun pour garder leur emploi. Il était sans doute moins élevé que celui que prend chacun de nous chaque jour en se rendant au marché ou dans un magasin pour faire ses courses.

Bref, il faut aussi respecter le choix d’aller voter des 44% de Français qui voulu faire leur devoir de citoyen nonobstant la peur du virus.Le scrutin municipal a bien eu lieu un 15 mars 2020.

Mais alors, quel constat tirer de cette élection chaotique et sans lendemain puisque le deuxième tour a de bonnes chances d’être annulé ou reporté? D’ailleurs, chacun aura noté la disparition des estimations globales en pourcentage, par courant politique, pourtant classiques après chaque élection municipale. Qu’il y aurait-il à cacher?

S’il est un enseignement évident, à tirer de ce scrutin, un enseignement non dit, largement occulté, c’est la débâcle vertigineuse du parti présidentiel, LaREM. Son échec à s’implanter localement dans la cour des grands est flagrant, presque caricatural. Partout, quand ce parti s’est présenté sous son identité, le score qu’il réalise est désastreux, par exemple éliminé à Limoges, en 3e position à Lille, Besançon, Rennes, Rouen, en 4e position à Perpignan, en 3e position à Paris, avec 17,6%, à Bordeaux où Thomas Cazenave est distancé (favori à l’origine) en 3e position avec 12,9%, à Lyon où le candidat de Gérard Collomb, Yann Cucherat, est également en 3e position avec 14,9%…

Un vote sanction franc et massif a bien eu lieu, visant les dirigeants actuels. Le fiasco, passé pudiquement sous silence, est vertigineux. Pour autant, nul ne triomphe vraiment. En dehors de rares places fortes qu’il détient, aucune poussée nationale RN n’est à noter. Il serait tout autant excessif de parler d’une « vague bleue » (Paris), même si LR, annoncé moribond après les Européennes, tient fermement sur ses positions.  La reconstitution de la gauche plurielle PCF/Verts/PS, obtient quelques relatifs succès qui doivent faire réfléchir et inquiéter: pire que LaREM est possible. Bref, le paysage politique ne cesse de s’assombrir, de devenir de plus en plus incohérent et imprévisible. La décomposition se poursuit. Il faut beaucoup d’aveuglement pour croire que le pouvoir LaREM sera reconduit en 2022. Mais le plus invraisemblable, c’est qu’aucune solution de rechange ne semble s’esquisser nettement. Allons nous vers un chaos politique toujours plus grand? Et qu’en sortira-t-il?

Maxime TANDONNET

 

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