Le quinquennat 2017-2022 est-il déjà foutu? Et comment éviter le pire?

sans-titreIl ne faut pas confondre pessimisme et réalisme ou lucidité, clairvoyance. Bien sûr, la perspective de l’alternance en 2017 est un soulagement intense, une bouffée d’oxygène dans l’étouffoir. A l’horizon de sept mois, le bonheur d’en avoir peut-être fini avec le sentiment de cauchemar qui prévaut en ce moment. Oui mais après? Nous vivons, d’ores et déjà, les prémices d’une nouvelle apocalypse 2017-2022, quel que soit le nom du futur occupant de l’Elysée.

Que pourra faire un homme, aussi énergique, sage ou ambitieux soit-il, dans le contexte piégé qui s’annonce: un parti socialiste furieux et revanchard; un parti lepéniste sans doute plus puissant que jamais; une majorité relative de « troisième force », déchirée par les rancunes et déceptions, coincée entre deux fortes minorités au Parlement; une hystérie médiatique permanente, des déchaînements de rage sans fin à la moindre parole, la moindre décision sur tous les sujets possibles; des corps intermédiaires plongés dans une logique de sabotage quotidien; des syndicats déterminés à bloquer le pays à la moindre réforme; une opinion forcément versatile, comme toujours, qui aura tôt fait de se retourner; des sondages effroyables dès la rentrée de septembre; un climat de plus en plus sectaire, violent et féroce pour cacher le vide d’idées et de projets…

Non, non, ce n’est pas du pessimisme, mais du réalisme! « Et voilà qu’on crie au pessimisme, injure dont les éternels vieillards poursuivent toute pensée qui ne se destine qu’aux pionniers de demain. » Qui a pu dire une chose aussi vraie? Nietzsche bien entendu. J’anticipe, je sais à l’avance ce qui va se passer et pour tout dire, j’y suis déjà…  Les coups de menton, les provocations verbales et les moulinets ne serviront à rien sinon à répandre l’illusion pendant cinq minutes: le futur chef de l’Etat, quel qu’il soit, risque de se trouver comme un bouchon de liège qui prétend remonter le courant de la Seine de ses petits bras musclés!

Alors que faire? Ouvrir les yeux tout d’abord et comprendre que l’exercice du pouvoir sera piégé comme un champ de mines. Ah, si j’avais des conseils à donner, si j’avais un mentor, avec une chance même infime, d’être écouté; et mieux, entendu!

  1. LA VERITE: Regardez la France dans les yeux. Dites lui la vérité. Il n’y aura pas de miracle et la sortie du marasme général (économique, mental, sécuritaire, international, etc.) dépend de la mobilisation, des efforts et de la prise de conscience de tous.
  2. LE COLLECTIF: donner l’illusion d’un seul homme aux manettes est la porte ouverte sur l’enfer et l’effondrement. Nous ne sommes plus au temps de Louis-Napoléon Bonaparte. Il faudra le comprendre un jour. Nous ne sommes pas non plus dans la Roumanie de Ceausescu ni dans la Corée de Kim-Il-Un!  Il faut au contraire bannir toute forme de culte de la personnalité. Pris dans le feu médiatique et des réseaux sociaux,  l’immensité de la tâche et des difficultés, celui qui prétendra incarner à lui seul le pouvoir, aujourd’hui, sombrera inévitablement dans le ridicule, la honte, la folie et entraînera le pays avec lui. Il faut au contraire que le président élu se place en retrait, en recours, dirige en coulisse, discrètement par son autorité morale. Il doit s’en remette à une équipe d’une douzaine d’hommes soudés par la seule volonté de servir la France  (et non pas leur minable petit destin personnel) dans une situation épouvantable. Partager le fardeau et la responsabilité: cela s’appelle un Gouvernement. Gouverner, une notion tragiquement oubliée.
  3. L’ EXEMPLARITE: on n’imagine pas à quel point « l’image » est décisive dans le nouveau monde de transparence absolu issu d’Internet et de la médiatisation. Cinq ans à tenir, c’est à la fois long et court. Cinq ans sans abuser à des fins personnelles des moyens de l’Etat, les avions, les voitures, les appartements et des villas; cinq ans à considérer chaque centime issu de la poche du contribuable comme sacré; cinq ans sans paroles inutiles, sans provocations verbales, sans fanfaronnade absurde; cinq ans sans s’adonner à des comportements ridicules; cinq ans  dans la dignité absolue qui sied à un chef de l’Etat, incarnant la Nation. Est-ce envisageable?
  4. LA DEMOCRATIE: à qui appartient un pays? Non à l’infime minorité de sa classe dirigeante et à ses élites. Il est inconcevable aujourd’hui, dans le nouveau monde qui émerge, de gouverner sans le peuple, la communauté nationale. Tout est à repenser dans la démocratie: il est impérieux, en urgence absolue de restaurer la souveraineté et la représentativité du Parlement pour en refaire le creuset du destin collectif; de pratiquer les référendums nationaux sur toute question de principe engageant l’avenir du pays. Il est vital de décentraliser la France pour rapprocher le pouvoir des citoyens en faisant des maires les pivots de la puissance publique au quotidien. Jamais ce principe n’a été autant bafoué, foulé aux pieds dans tous les domaines. La France doit devenir une fois pour toute une République décentralisée autour de la commune, cellule de base de la démocratie.

Réussir le prochain quinquennat? Seulement au prix d’un bouleversement des mentalités, au rebours de tout ce qui fait en ce moment, et j’ignore totalement si cette prise de conscience est concevable aujourd’hui.

Maxime TANDONNET

 

 

 

 


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Author: Redaction