Les élections présidentielles et législatives de 2017 se sont faites sur le thème d’un « nouveau monde » qui devait en finir avec l’ère des excès, des abus, de la corruption et des affaires. DSK, Cahuzac, « les sans dents », jamais plus. Et voilà que depuis deux ans, la situation a empiré: insultes qui expriment le mépris des nantis pour le peuple (les fainéants, « ceux qui ne sont rien », les Gaulois réfractaires); multiplication des scandales illustrant jusqu’au vertige l’arrogance de la classe dirigeante – celui de ce matin n’est pas le moindre. Le plus intriguant dans tout cela, c’est le manque de lucidité, de bon sens de la fine équipe issue des scrutins de 2017. Tout le monde sait depuis au moins 10 ans que les taupes, la délation et les boites aux lettres sont partout et que plus rien n’échappe à l’oeil de big brother. Mais non, ils n’ont rien compris. Et tout continue comme si de rien n’était. Encore un donneur de leçon de première classe, pris la main dans le sac. L’image du homard géant est en soi dévastatrice, mais la défense de l’intéressé est hallucinante: « rester connecter avec le réel ». Le mépris des gens ruisselle de partout. Le sentiment d’une petite clique déconnectée et retranchée dans son bunker de privilèges et acharnée à les conserver le plus longtemps possible, tandis que le pays s’effondre (violence endémique, dette publique, impôt, chômage, communautarisme, pauvreté, migrations illégales, saccage de l’éducation nationale) s’attachera jusqu’au bout au quinquennat actuel. Ils n’ont rien compris. La candidature à la mairie de Paris de celui-là même qui ironise sur « ceux qui fument des clopes et roulent en diesel » n’est qu’un signe supplémentaire de cet aveuglement. Sur le crâne incliné de la scène politico-médiatique, la bêtise a planté son drapeau noir. En 2022, l’actuel occupant de l’Elysée et LREM ne seront évidemment pas réélus (s’ils tiennent jusque là…). Ce qui vient après? L’inconnue totale. Il n’est pas de pire crétinerie que de croire encore à l’avènement d’un nouveau sauveur providentiel. Quoi, la leçon n’aura pas suffi? A mes yeux, il n’existe plus qu’une solution valable: instaurer une démocratie à la Suisse, décentralisée, référendaire et représentative, fondée sur l’esprit civique, l’instruction populaire, le retour de la politique comme service du bien commun, et débarrassée de toute forme d’arrogance politicienne. Vœux pieux : jamais cela ne se réalisera. Alors…
Maxime TANDONNET