La grande terreur des politiques

imagesIl est un chiffre peu commenté dans la presse et plus ou moins passé sous silence par les médias: le taux d’abstention vertigineux de la législative partielle de l’Aube, dimanche dernier: plus de 75%! Il sanctionne sans doute en partie une attitude contestable de M. Baroin. En démissionnant de l’Assemblée nationale pour passer au Sénat, il semble ignorer le mandat de ceux qui l’ont élu député pour 5 ans. Le Sénat a beaucoup moins de pouvoir que l’Assemblée, mais il est plus confortable: 6 ans assurés, un monde feutré, des débats plus calmes et plus courtois. Mais au-delà, cette abstention écrasante, des 3/4 dans une ville comme Troyes, exprime une gifle pour le monde politique qui signifie: on peut vivre sans vous. Elle condamne la tendance au détournement du bien commun au profit des intérêts personnels. Les dernières péripéties de l’ump sont hallucinantes. Mme NKM ne  se rebelle pas contre la « droitisation » par conviction profonde. N’étant ni stupide, ni aveugle, élue de banlieue, elle ne peut pas ignorer la préoccupation des Français sur la sécurité, le respect de la loi, le chaos de certains quartiers. Seulement, sa priorité naturelle est de protéger et de cultiver sa belle image de femme moderne et progressiste. Idem au parti socialiste. Il me semble évident que ce qu’on appelle « la gauche rebelle » qui s’oppose au projet Macron, est  consciente de la nécessité, pour l’emploi et le croissance, d’assouplir les réglementation y compris celle qui  interdit le travail du dimanche. Je n’imagine pas que des hommes et femmes de terrain, confrontés aux réalités, notamment du chômage des jeunes, puissent être assez bêtes pour ne pas le comprendre. Mais voilà, tout est dans la posture, dans l’apparence, l’affichage, le qu’en-dira-t-on: paraître « de gauche » avant tout le reste. Il n’existe dans ce pays, contrairement à la grande imposture médiatique, aucune poussée profonde et durable de l’extrémisme de droite. Sinon, dans le chaos généralisé, le parti créé par M. Jean-Marie le Pen serait à 40% au moins des électeurs inscrits, à Troyes comme ailleurs. En revanche, infiniment pire pour le monde politique, la confiance du pays dans sa classe politique au sens large connaît un effondrement sans précédent historique. 75% d’abstention, cela confirme le sondage CEVIPOF 2014 selon lequel 32% expriment du mépris envers la politique et 34% de l’indifférence. Ce rejet global de la politique française est infiniment plus humiliant pour le monde politique qu’une montée de la droite extrême. Face à une poussée de cette dernière, un adversaire qu’il est aisé de diaboliser, de qualifier de danger pour la République, on pourrait imaginer une sorte de mobilisation supposée « anti-fasciste » , redonnant, par un joli tour de passe-passe, un sens à la politique et à la vocation des politiques. D’où cette incroyable et mensongère machination qui nous annonce tous les quatre matins l’extrême droite aux portes du pouvoir. Mais aujourd’hui, le seul adversaire, c’est le vide,  le nihilisme engendré par la disparition de la confiance. Or, comment batailler contre le néant? La vérité est infiniment plus humiliante, plus tragique pour le monde politique. En raison de son attitude qui trahit l’intérêt général, détourne la fonction de la politique au profit de l’intérêt personnel des politiciens –  intérêt d’image, intérêt de carrière, voire même intérêt d’argent –  il provoque un climat de rejet et de repli individuel qui caractérise aujourd’hui une France en crise. 75%. Le monde politique ne sert plus à rien. Il tourne en rond, sur lui même, come une toupie folle. Il est inutile. Quoi de pire pour une profession politique dont la raison d’être, le moteur, est l’estime de son électorat?

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction