La grande faute du politique

Depuis bientôt un demi siècle, le politique a échoué sur à peu près tous les sujets: le chômage, la sécurité, les migrations, la pauvreté, les retraites, la dette publique… Aujourd’hui, il se jette comme un vautour sur un thème où il espère briller et se faire valoir: la médecine. L’effet de cette boulimie est de pourrir la question. Le sujet de la lutte contre une pandémie de covid 19 est avant tout médical et le débat de nature scientifique. Il est de la responsabilité de la communauté médicale et scientifique. Sa récupération outrancière et quotidienne par le politique est à l’origine d’une catastrophe.

Le rôle essentiel du politique est de donner aux médecins et aux hôpitaux les moyens de fonctionner: médicaments, masques, vaccins, équipements, places en réanimation, voire d’arbitrer ponctuellement sur certains sujets. Or il n’a jamais su s’acquitter en temps voulu de cette mission: d’où son naufrage dans la logorrhée moralisatrice et accusatrice.

L’effet du surinvestissement de ce champ par le politique est désastreux: en mêlant, de fait, les questions sanitaires à une future campagne électorale, le politique jette le scepticisme et le doute. Il associe le traitement d’un sujet médical à l’idéologie et au mensonge. Il sème la peur et la confusion dans les esprits. En livrant la médecine à la politicaillerie et à l’hystérie médiatique, il déchire le pays et transforme, ce qui devrait être un sujet scientifique et médical, protégé de la folie, à l’abri des soubresauts idéologiques et politiciens, en nouvel objet de haine, de déchirement et de révolte. Il soumet à la contrainte, à la propagande et à l’idéologie des sujets qui ne devraient relever que de la responsabilité personnelle et de la médecine.

L’extension du « pass sanitaire » qui exclut sans la moindre raison même la plus infime une partie des Français, notamment les jeunes, des terrasses de café (effroyable emblème), annonce les bases d’une société discriminatoire de contrôle numérique et de délation ou chacun devient le gendarme d’autrui, est le fruit de cette terrifiante dérive. Idem: les menaces de « refermeture » ne relèvent pas de ce qui est tolérable de la part des politiques. Des dirigeants élus n’ont aucune légitimité pour exercer un chantage sur les citoyens à la destruction de leur pays (car la fermeture totale est une forme de destruction).

La dramatisation à outrance, les mots de « catastrophe » ou de « tsunami », destinés à répandre la peur ne sont pas dignes de responsables politiques. De fait, le taux de mortalité actuel est du niveau de l’avant covid d’après les statistiques de l’INSEE et le nombre d’une cinquantaine de morts déclarés au quotidien est 7 fois moins important que celui des victimes du tabac et de l’alcool ou équivalent à celui d’une épidémie passée inaperçue (2014-2015). L’alarmisme, le sensationnalisme, la manipulation de la peur et de la panique est l’un des aspects les plus sordides de cette crise, morale, intellectuelle, politique, au moins autant que sanitaire. Le rôle de dirigeants politiques est de rassurer, d’apaiser les esprits, de conquérir la confiance, la paix civile et non d’attiser la peur et la division.

Honte à ceux qui sèment le trouble et la peur, la haine entre Français. La récupération obsessionnelle de l’épidémie excite les passions et les angoisses autour de questions qui ne peuvent se traiter qu’à l’abri des tensions. Le naufrage dans l’infantilisation et la moralisation à outrance, l’esprit de pénitence – vous aurez une « vie de merde (sic) » – ne fait qu’amplifier les problèmes. Il désigne des coupables: les gens, la populace, les Gaulois réfractaires. Mais il a l’effet inverse à celui recherché en nourrissant la défiance, la fracture démocratique, en déchirant le pays et en anéantissant ce qui pouvait lui rester de paix et de confiance.

MT

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Author: Redaction