Identité, souveraineté, volonté politique

DSC02219Il peut paraître étrange que le débat politique se focalise, à l’aube de cette période électorale, sur les questions d’identité et de souveraineté. Le politique fait fausse route à mes yeux en se concentrant sur ces deux sujets. L’identité ne se décrète pas. Que peut faire le politique en ce domaine? Tout le monde veut ressusciter le « récit national ». Imagine-t-on une seconde obliger les professeurs a ânonner « nos ancêtres les gaulois » tout en sachant que cela ne veut strictement rien dire? Faire chanter tous les matins la Marseillaise aux élèves? Arborer le drapeau tricolore dans chaque salle de classe? Organiser une levée des couleurs dans chaque établissement scolaire? Obliger les radios, la télévision, la presse à consacrer des émissions et des articles à la grandeur nationale? Demander aux citoyens d’arborer des petits fanions tricolores aux fenêtres? Contrôler Internet? Toute tentative d’embrigadement des esprits aboutirait, par réaction, à l’effet inverse de celui recherché. Ceci est un faux débat: le politique, dans le monde moderne, sauf en Corée du Nord, n’a pas les moyens d’orienter ou de maîtriser l’esprit du temps, la conscience collective. Heureusement d’ailleurs…

Quant à la notion de souveraineté, elle est l’excuse permanente au renoncement. Le mythe bat son plein. Quand la France souffre, c’est à cause des autres, d’un supposé carcan extérieur qui nous pénalise. L’Union européenne est le bouc émissaire tout trouvé. Certes, le machin Bruxellois, avec sa logique bureaucratique, ses normes et jurisprudences abscons n’inspire guère la sympathie des foules. Et pourtant, comme il est facile d’en faire le responsable de tous les maux! Depuis 1992, le traité de Maastricht interdit formellement aux Etats de franchir la barre d’un déficit public de 3%. Depuis un quart de siècle, 25 ans, la France, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, etc. s’en tapent comme de leur première chemise: année après année, 4, 5, 6, 7%… En un quart de siècle, l’ombre d’une sanction européenne s’est-elle jamais abattue sur l’un des coupables? Jamais: tigre de papier. Et ne parlons même pas de l’endettement maximum de 60%…Quant à Schengen, la libre circulation, pilier de l’Union européenne, le jour où les Allemands, les Autrichiens, les Danois, les Belges, les Suédois n’en ont plus voulu, ils ont envoyé paître tout le monde, rétabli leurs contrôles aux frontières, nul n’a bronché et la Commission s’est faite toute petite. Les eurocrates se contorsionnent pour faire croire que cela s’est fait dans le respect des règles. Aucun mensonge n’est plus avéré. De fait, les dogmes et les règlements les plus draconiens ont été déchiquetés dans la grande broyeuse des intérêts nationaux. Je pourrais en écrire des tonnes sur le sujet mais ce serait atrocement ennuyeux… Quant à l’OTAN, qui est assez naïf pour croire qu’elle est à l’origine de l’engagement de la France dans de multiples conflits? Faux, mensonge. Jamais les Etats-Unis ni l’OTAN n’ont obligé l’armée française à aller en Afghanistan, en Libye, au Centrafrique, au Mali, ni même au Moyen-Orient.

Non, le vrai sujet est ailleurs. Il est plus grave au fond car il tient au fond de l’âme, à la vie intérieure d’un peuple et de ses dirigeants. Il concerne la volonté politique, la conscience d’un destin collectif, l’élan vital, l’envie de continuer d’exister. Que proposent les politiques en ce moment? du rêve, des polémiques et des postures! Bien sûr les politiques ne sont pas les seuls responsables. Mais enfin quand on voit que beaucoup d’entre eux, de tous les partis (de l’extrême gauche à l’extrême droite) ne trouvent rien de mieux à proposer que le « revenu universel » pour les plus de 18 ans, c’est-à-dire de figer la jeunesse dans une logique d’assistanat et de dépendance à l’Etat, cela fait tout de même froid dans le dos. Quel signal, quel exemple! Comment une telle démagogie, une telle irresponsabilité sont-elles possibles? La France aurait au contraire besoin de réformes gigantesques pour mettre fin à ses déficits, rendre son économie et ses entreprises compétitives pour créer des emplois. Il lui faudrait une transformation radicale afin de restaurer l’autorité républicaine, la sécurité des biens et des personnes, l’intégrité de son territoire, le respect de ses lois sur les frontières et sur les migrations, l’application des décisions de justice, etc. Et puis un travail immense pour adapter son éducation nationale au monde moderne, développer l’apprentissage, préparer ses jeunes au monde de l’entreprise. Mais voilà, tout le monde ou presque s’en fout, des vrais sujets. Et d’ailleurs, dans un pays qui donnerait du travail à ses jeunes, qui permettrait à chacun, sur tout le territoire, de sortir de chez lui sans être insulté ou frappé, ou de se rendre à un concert, d’aller prendre un verre sur une terrasse, ou assister à un feu d’artifice sans le spectre d’un attentat terroriste, la question de l’identité ne se poserait évidemment pas. Les Français et surtout les jeunes, de toutes origines bien sûr, auraient les raisons d’être tout naturellement fiers de leur pays.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction