Euphorie, danger

xvm6e05672a-afe0-11e6-8924-aaf6bf1e52eaLa victoire de François Fillon aux primaires de la droite et du centre est une excellente nouvelle pour la France. Sans doute ne faut-il pas se tromper sur sa signification. Elle s’est dessinée en une quinzaine de jours à la suite des trois débats télévisés. Elle n’est pas le résultat, me semble-t-il, de la découverte soudaine de son programme rendu public depuis des mois, par les électeurs. Elle est le fruit d’une intuition, d’une sensation, d’une émotion collective. Par son image, de calme, de compétence, de probité, il a crevé l’écran. Sa personnalité, dominée par la sobriété, contrastait avec les gesticulations, la logorrhée du pouvoir actuel dont les Français ne veulent plus. A cet égard, il a quelque chose d’un anti-Hollande, anti-Valls. Il rassure dans le chaos général de la vie politique française. Sa relative jeunesse, par rapport à Alain Juppé a été aussi déterminante.

En revanche, je pense qu’il serait folie de se laisser griser. Ma modeste expérience de la vie politique me laisse penser qu’en la matière, tout enthousiasme débouche sur la déception. La mission présidentielle consiste à tracer un cap pour le pays, un état d’esprit, une volonté collective, une exemplarité, à engendrer la confiance. C’est à ce titre que les électeurs de la primaire ont choisi M. Fillon.  Elle n’est pas de fixer un programme dans le détail. Tel est le rôle de la future majorité parlementaire. Or, nul ne peut préjuger de ce quelle sera aujourd’hui. Le parti socialiste peut sortir revigoré de la confrontation avec un programme très libéral qui à l’évidence, inquiète les Français. L’extrême droite, si elle a peu de chances aux présidentielles, peut réaliser une percée aux législatives sur des propositions démagogiques et se retrouver dans une position d’alliée objectif d’une opposition PS. Dans le camp de la droite et du centre (le mot « famille » en politique m’exaspère), les cicatrices laissées par les primaires seront-elles surmontées? Que va devenir le parti, les Républicains? Et puis une fois les élections gagnées, le cas échéant, le nouveau pouvoir sera-t-il en capacité d’imposer un train de réformes draconiennes au pays? La France est extrêmement fragile, ensanglanté, traumatisé par les attentats terroristes, les 6 millions de chômeurs, sa société fracturées. Il suffit sans doute d’une étincelle pour tout embraser. Certes, il est facile aujourd’hui, de se sentir fort. Mais il faut aussi imaginer tous les scénarios possibles: le pays bloqué pendant trois mois, les transports, les routes, les raffineries. Et alors, que fait-on? Que l’on cède ou non, le quinquennat est déjà fini, au bout de trois mois. Et puis ce climat épouvantable de terreur intellectuelle qui écrase la France, dont nous avons eu un aperçu dans l’entre-deux tours: les insultes, les mensonges, les caricatures, les crachats, le déchaînement de propagande médiatique, la presse les médias en ébullition… Dire la vérité oui, mais aussi fonder toute politique sur la prise en compte de la réalité: voici qu’elle serait la véritable révolution.

Maxime TANDONNET

 

 


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Author: Redaction