Célébrer le centenaire du 11 novembre 1918

Il semble que, dans les hautes sphères de l’Etat, on s’interroge sur l’opportunité de célébrer le 11 novembre 1918, comme centenaire de la Victoire. Il est vrai que cette victoire était en trompe-l’œil, suivie de 21 ans de renoncements et de lâcheté et de l’une des plus terribles débâcles de l’armée française. Nos autorités renâclent aussi à choquer le partenaire allemand par une célébration. Toutefois, cet hommage, ne le devons-nous pas aux 10 millions de jeunes Français de l’époque qui ont atrocement souffert dans les tranchées pendant 4 ans pour défendre la liberté et la démocratie, aux 1,5 million qui ont donné leur vie dans la fleur de l’âge pour le pays et aux 1,5 millions de mutilés? En outre, le 11 novembre , la Victoire contre l’empire militariste de Guillaume II, le retour de l’Alsace et de la Lorraine, Clemenceau et Poincaré: nous sommes aux cœur du mythe national constitutif de l’unité de la nation, tellement menacée aujourd’hui. Le 11 novembre 1940, les lycéens et les étudiants parisiens ont donné le signal du début de la résistance au nazisme en célébrant le 11 novembre sous l’arc de triomphe,  malgré l’interdiction prononcée par l’occupant et en s’exposant ainsi à de violentes représailles. Je l’ai raconté dans un livre. Cela non plus, il ne faut pas l’oublier…

A la veille du 11 novembre 1940, les autorités d’occupation déclarent « prohibée sous toutes ses formes l’expression d’un souvenir insultant pour le Reich et attentatoire à l’honneur de la Wehrmacht ». A la Sorbonne et dans les lycées parisiens, cet ordre suscite une vague d’indignation. Initié par un petit groupe d’étudiants du Quartier latin, l’appel à un rassemblement patriotique se propage comme une traînée de poudre dans les établissements scolaires et universitaires. Le 11 novembre 1940, trois mille jeunes filles et garçons remontent les Champs-Elysées, se rassemblent devant l’Arc de triomphe pour commémorer la Victoire de 1918 et entonnent La Marseillaise, défiant ainsi l’armée d’occupation d’Hitler. L’intervention de la Wehrmacht et la répression qui s’ensuit sont impitoyables : quinze blessés, un millier d’interpellations, cent vingt-trois arrestations, surtout de jeunes lycéens emprisonnés et martyrisés. Cet acte de résistance constitue, au dire même du général de Gaulle, la première réponse de la France à l’appel du 18 juin. De fait, les conséquences furent considérables, marquant la rupture entre le régime de Vichy et une partie de l’opinion publique, qui tourna désormais ses espoirs vers la France libre. Cet événement, qui aurait dû entrer dans la légende nationale, a quasiment sombré dans l’oubli. Il est temps de le redécouvrir.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction