La question du régime politique

L’image de la politique italienne et allemande soulève nombre de réflexions et de commentaires. Le régime parlementaire de ces deux pays donne lieu à des recherches de coalition politiciennes, des négociations interminables et stériles. L’immense majorité des « experts » radio-télévision en concluent que les Français s’en tirent mieux avec leur système « présidentiel ».

Le constat me paraît superficiel, fondé sur les apparences immédiates. Il faut juger d’un régime sur le long terme, dix quinze ans au moins: permet-il, sur plusieurs années, un gouvernement du pays compatible avec le bien commun. Pour cela, la bonne démarche est de comparer les résultats: chômage, commerce extérieur, état de l’industrie, déficit, pouvoir d’achat, violence, pression fiscale, dette publique, prélèvements obligatoires, niveau de pauvreté, maîtrise de l’immigration et intégration des populations issues de l’immigration, influence internationale, sécurité, niveau scolaire… Une fois cette comparaison faite, il est possible de juger de la réussite respective des régimes politiques.

La Constitution n’est qu’un aspect de la question du régime. Le mode de sélection des élites politiques, le régime électoral, l’organisation territoriale, la culture politique, bref, tout ce qui contribue à la décision publique doit être prise en compte. A cet égard, il n’est pas question de chercher le « meilleur des systèmes », mais le « moins mauvais ». Les régimes italiens et allemands ont d’énormes défauts qui apparaissent au grand jour. Mon sentiment, à contre-courant de tout ce qui se dit et s’écrit, est que le régime français, tel qu’il est aujourd’hui, une Ve République dégénérée, est encore pire.

A travers le présidentialisme outrancier, il détruit le débat d’idées, lui substituant le culte de l’image et de l’émotion médiatique – positive ou négative – autour d’un visage. A cet égard, il cultive l’abêtissement national. Il saccage idée d’intérêt général et de bien commun au profit d’une sorte de « vanité  providentielle ». Il remplace l’esprit de la res publica, la chose publique, par le naufrage narcissique et l’obsession de la « trace dans l’histoire ». Il plonge le pays dans un climat de gesticulation médiatique permanente, de fausses décisions, de réformes factices, de démagogie délirante, d’immobilisme absolu  au profit du culte d’un « moi » stérile et sans issue. Il ne cesse d’éloigner la classe dirigeante du monde des réalités et de creuser l’abîme entre elle et le pays. Pis:  le régime français ne sait plus produire des hommes d’Etat, tournés vers l’intérêt général et le destin du pays. A travers le filtre de la télévision, il produit des acteurs et des illusionnistes.

Le débat qui agite l’opposition sur la question d’un rapprochement de la « droite avec le fn », avec la bénédiction du monde médiatique, est absolument minable et méprisable. S’il existe une opposition digne de ce nom, dans la France d’aujourd’hui, elle n’a qu’une seule question à se poser: comment remettre à plat le régime politique français qui sombre dans la déchéance, entraînant comme un boulet la France avec lui.

Les réponses existent: septennat non renouvelable, respect de la lettre de la Constitution autour d’un premier ministre en charge du Gouvernement et responsable devant un Parlement souverain et déconnecté de l’Elysée, recours au référendum pour quelques choix fondamentaux qui engagent la nation, démocratie locale et décentralisation dans le respect de l’unité nationale. D’ailleurs, je n’en suis pas à attendre des réponses de la classe politique: mais au moins qu’un responsable politique, un seul, ait la lucidité, la vision nécessaire, que dis-je, l’audace de soulever ces questions cruciales au rebours du matraquage et de la dictature du conformisme.

Maxime TANDONNET

 

 

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Author: Redaction