Dépersonnaliser le pouvoir politique

imagesEQQAFZJ6Il se compte déjà une quinzaine de candidats aux primaires de la droite et du centre et la liste s’allonge de jour en jour… M. Macron vient de créer son propre parti « En marche« . Tous sont convaincus de leur destin providentiel. Ils se pensent missionnés pour sauver  la  France. Ils annoncent la table rase, et une fois à présidence, vont tout chambouler, tout changer, tout transformer. A les entendre, plus rien ne sera pareil: avant eux, le déluge, et avec eux le salut. Ils n’ont rien fait de particulier, rien réussi, généralement peu étudié, peu ou pas travaillé. Mais quand même, ils se sentent guidés par la bonne étoile et se verraient bien sous les ors de l’Elysée. L’une des erreurs de notre culture politique est de confondre « culte de la personnalité » et « héroïsme ». Le premier est une construction factice, médiatique, idéologique, autour d’un individu présenté comme le sauveur dont l’image est sublimée. Le second est reconnaissance ex-post d’un acte exceptionnel, accompli, effectif, au service de la Nation. Aujourd’hui la France politique se vautre dans une sorte de culte de la personnalité auto-centré. L’admirateur et l’admiré se confondent: la plupart des politiciens, sans mérite ni bilan particulier, poussés par la médiatisation, sont persuadés de leur mission nationale. Au contraire, l’héroïsme est généralement modeste, spontané, imprévu, éphémère: un personnage des plus inattendus apporte sa lumière avant de disparaître. Le culte de la personnalité est lui toujours exécrable. Il suppose la domination de l’image sur l’action, du paraître sur le faire, de la communication sur la politique (au sens noble du terme). Tout dirigeant politique qui procède du culte de la personnalité – entraîné dans une logique d’idolâtrie – est voué à l’échec et à la déroute collective. Il choisira systématiquement son ego, sa réputation, « sa trace dans l’histoire », avant le bien commun. D’où la tragédie actuelle des dirigeants du monde occidental. C’est pourquoi l’exubérance de toute sorte de « candidats providentiels » à droite comme à gauche, ne m’inspire rien qui vaille… Ils se disent novateurs, révolutionnaires, mais reproduisent l’éternel modèle de l’auto glorification qui conduit à court terme au ridicule, et à long terme à l’abîme. La frime remplace la gloire. Nous devons réinventer une forme de la politique axée sur l’anonymat, l’impersonnel, la représentation, le collectif, la volonté générale, le choix de l’intérêt général comme seul guide. Les hommes et les femmes de l’avenir sont les héros du quotidien, les modestes, les gens simples, ceux de la majorité silencieuse, ancrée dans la vie de tous les jours. La grande déchirure entre la France d’en bas et la France dite d’en haut doit disparaître. Les représentants de la nation ont pour unique mission d’incarner, sur le fond comme sur la forme, le pays profond et la démocratie ne devrait tolérer de nom qui dépasse qu’à titre éphémère.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction