Comment tenir le coup?

Pour l’infime minorité des personnes lucides sur l’état du pays et sincèrement préoccupés par son avenir, la situation de 2018 est sans doute pire que celle de 2013. Nous avions alors l’espoir de alternance en 2017. Le délitement s’accélère – pauvreté, exclusion, migrations non maîtrisées, communautarisme, dette publique, déficits, matraquage fiscal, déclin intellectuel.

Mais aujourd’hui, les repères sont brouillés et l’horizon de 2022 n’offre guère d’espérance crédible. Pis: nous sentons bien les progrès de l’abrutissement à travers le triomphe de la personnalisation et de l’émotionnel – adoration ou détestation – et des postures narcissiques, au détriment du sens de l’intérêt public, dans un climat d’apathie et de naïveté.

Nous voyons sombrer le sens du bien commun dans une déflagration du pire de la vie politicienne: mégalomanie forcenée, cynisme, trahisons, mensonges, carriérisme forcené, manipulations, mépris des gens, culte de la personnalité qui ne concerne plus seulement les extrêmes, de droite comme de gauche, mais désormais tout l’échiquier idéologique, dans le dédain absolu de l’intérêt public, l’abêtissement et l’aveuglement collectif.  Alors que faire? comment vivre cette tragédie? Voici quelques recettes, sans prétention, toute personnelles.

  • Rejet de toute forme de propagande médiatique et du lavage de cerveau quotidien: les grandes chaînes de télévision et les radios nationales ne sont rien d’autres que des outils de conditionnement des esprits. On peut y jeter un coup d’oeil ou d’oreille pour constater à quelle vitesse ils se dégradent. Mais il faut surtout les fuir et n’utiliser la télévision et la radio qu’à bon escient: excellentes émissions d’histoire sur ARTE, jolis moments de musique sur radio classique.
  • Exigence d’une information factuelle et impartiale (apurée des états d’âme des soi-disant experts) que l’on ne trouve guère que dans la presse écrite, (le Figaro) et sur les sites d’agence d’information (afp, reuter) aujourd’hui accessibles par Internet.
  • S’enivrer de lecture, de savoir, de connaissances et de réflexions; à chacun ses livres de chevet mais je conseille tout particulièrement la lecture de brefs essais qui fournissent des outils de compréhension du monde, des armes contre l’abêtissement. Dans le désordre, par exemple: Mythes et mythologie politique, de Raoul Girardet; Penser la Révolution française, François Furet; Le totalitarisme, Hannah Arendt; Psychologie des foules, Gustave le Bon; L’ère du vide, Gilles Lipovetski; La violence et le sacré, René Girard, Regards sur le monde actuel, Paul Valéry. Et bien entendu, tous les classiques, n’importe quel livre bien écrit que l’on prend du plaisir à lire…
  • Fuir les crétins: aucun dialogue, aucune discussion n’est possible avec eux. Il ne faut surtout pas perdre son temps ni essayer de les convaincre, éviter d’entrer dans un débat stérile car les crétins ont toujours le dernier mot. Une seule solution, les éviter, les fuir. J’appelle ici crétins toute sorte de personnes cuirassées dans les certitudes et inaptes au moindre doute. Il faut prendre le mot crétin comme synonyme d’obtus.
  • Cultiver un jardin secret: De tous les slogans de mai 68, le plus  stupide est aussi le plus consensuel, « tout est politique ». Non tout n’est pas politique. Avec ses amis authentiques, il faut savoir parler de la pluie et du beau temps. Et la liberté consiste avant tout à s’organiser un domaine réservé, secret interdit au public, qui doit être considéré comme plus cher que la vie elle-même: une famille, une maison au bord de la mer, un chalet dans la montagne, un jardin, une passion, en se disant: quoi qu’il arrive, sauf à me tuer, les salauds ne viendront pas me chercher ici.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction