Une République à la dérive

imagesUn titre du Monde d’avant-hier, le 19 janvier, m’a interloqué. Il reprenait une déclaration du président de la République, M. François Hollande, a propos de la suite des attentats qui ont ensanglanté la France: « Le pays a changé, le regard qu’il porte sur ma présidence aussi. » Ainsi, 17 personnes ont été massacrées sur le territoire de la République qui vient de connaître l’une de ses pires tragédies depuis la fin de la guerre d’Algérie en 1962. Et le chef de l’Etat pense « au regard » que le pays porte sur sa présidence. Ces paroles sont hurlantes de vérité. Nous vivons dans un environnement politique dans lequel les boursouflures de l’ego, de la vanité, de la prétention, ont écrasé tout sens du bien commun et de l’intérêt général. Un président – lui ou un autre – pense à son image, même dans le chaos et le désastre d’une société française au bout de ses déchirements. Il aspire avant tout à être aimé, reconnu, si possible admiré et envié dans la perspective d’une réélection.  Le système présidentiel, cet avatar de la Vème République, ressemble de plus en plus à une sous-monarchie, une monarchie dégénérée de roitelets vaniteux qui s’ébattent  en vue de  la conquête du trône. Ils vivent dans un univers de coups médiatiques, de petites phrases, de postures, totalement isolés du monde, de la vie réelle, de la France silencieuse, guidés par leur instinct du « moi-je »,  une obsession qui les pousse aux confins de la raison et de l’absurde.  Le mal est pire que ce que j’ai longtemps imaginé. Il n’est pas seulement dans les institutions d’une Vème République travestie, dévoyée, trahie, qui tendent à sublimer le narcissisme de personnages d’une rare médiocrité humaine et intellectuelle. Il est surtout dans la mentalité de la caste politicienne (de l’extrême droite à l’extrême gauche), recrutée de cooptation en cooptation, à travers des réseaux familiaux, claniques, mafieux, rongée par la consanguinité. Il n’existe qu’une issue possible: faire remonter de la France « d’en bas », la majorité silencieuse, du monde de l’entreprise, de la vie sociale, du service de l’intérêt général, comme un grand courant marin venu des eaux profondes, de nouveaux dirigeants, de nouveaux responsables, de nouvelles équipes, déterminés à consacrer quelques années de leur vie au bien commun avant de retourner à l’anonymat. Je ne sais pas si c’est possible, et encore moins comment faire…

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction