Un peu de vérité ne fait pas de mal

Le Figaro de ce matin, à la suite de l’assassinat de Samuel Paty par un islamiste, publie sur deux pages, 18 et 19, le grand entretien de M. Guillaume Perrault avec M. Jean-Eric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel. Cet entretien renoue avec un principe noyé dans le vacarme de l’indignation, la grandiloquence et les annonces tonitruantes: celui de respect de la vérité. Il s’adresse au lecteur en adulte responsable, contrairement à la grande explosion politico médiatique, aussi flamboyante qu’éphémère.

Depuis quarante ans, la mise en place au nom de l’Etat de droit d’un épais carcan de normes et de jurisprudences, en provenance de la cour européenne des droits de l’homme, du Conseil constitutionnel, plus récemment de la  cour de justice de l’Union européenne paralyse l’action publique en matière de sécurité et notamment de lutte contre le terrorisme, mais aussi de maîtrise des flux migratoires.

Le juriste montre, exemples à l’appui, comment, de fait, la jurisprudence de la Cour EDH interdit d’expulser un terroriste, ou rend son expulsion quasi-impossible; il explique comment les jurisprudences empêchent de fermer durablement une institution ou une association prosélyte; il prouve comment le couvercle jurisprudentiel rend de fait impossible la régulation de l’immigration familiale ou de l’asile ou la lutte contre l’immigration illégale.

La vérité est que le pouvoir en la matière appartient désormais aux juridictions protectrices des individus et non plus à des dirigeants élus au suffrage universel. Le juridisme poussé à son paroxysme, devenu une fin en soi tue le droit. L’excès d’Etat de droit tue l’Etat de droit. M. Schoettl dit la vérité, une vérité que connaissent tous ceux qui ont été confrontés à l’exercice du pouvoir.

Alors dans ce contexte d’impuissance publique, il reste aux dirigeants nationaux la gesticulation, la logorrhée, la posture, pour leurrer le peuple et préparer leur réélection. Pédaler dans le vide est désormais le lot du pouvoir politique. La question n’est plus de se donner le meilleur gouvernant, mais le meilleur illusionniste. Il leur reste à s’ébattre dans le néant pour faire semblant, faire croire. Leurrer, tromper, abêtir le peuple, jongler avec les mensonges, les postures, le grand spectacle.

Pour tenter de briser ou fissurer le carcan d’impuissance, il faudrait un immense courage des dirigeants politiques, une vision de long terme, une formidable intelligence de l’histoire, force de caractère, compétence, sens de l’Etat et un peuple uni derrière eux dans un esprit de confiance indéfectible. Un peuple uni dans la confiance et des hommes d’Etat dignes de ce nom: aucune de ces conditions n’est aujourd’hui réunie et aucune des perspectives annoncées comme possibles par les sondages ne permet d’espérer, à ce jour, un redressement fondamental.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction