Un calcul risqué

sans-titreLe Canard enchaîné d’hier nous révèle, en haut de sa page 2, comment le pouvoir socialiste mise aujourd’hui sur un deuxième tour de la présidentielle de 2017 Hollande/le Pen pour sauver la réélection du président. Celle-ci semble en effet inévitable dans un tel cas de figure : malgré ses progrès dans les sondages et les élections partielles, le fn se heurte à un plafond d’environ 70% des Français qui excluent radicalement de voter un jour pour lui. Cette stratégie électorale expliquerait beaucoup de choses : des choix politiques qui plaisent aux militants socialistes mais aggravent l’exaspération de nombreux français, sur la répression de la délinquance, l’immigration, la fiscalité et les poussent vers un vote protestataire ; une formidable promotion médiatique du fn dans les médias et la presse socialiste (voir la couverture hallucinante du Nouvel Obs de cette semaine). Il faut bien convenir que ce calcul, habile, mitterrandien, a de bonnes chances de réussir. Dans quelles conditions peut-il être mis en échec?

-          Cesser ou taire de toute urgence les querelles de personnes entre les républicains modérés (« la droite ») qui conduisent à l’abîme. En 2016-2017, à l’approche des élections présidentielles, il sera grand temps de s’entendre soit sur le candidat le mieux placé dans les intentions de votes, soit sur un système de sélection de type « primaires », et d’ éviter ainsi le risque d’un déchirement suicidaire.

-           La mise en place, dans les deux ans qui viennent, d’un programme solide, précis, ambitieux, audacieux, et novateur, sur les sujets de l’Europe et de Schengen, les frontières, la sécurité, l’immigration, l’emploi, l’entreprise, la réindustrialisation, l’énergie (gaz de schiste), la défense, la fiscalité, susceptible de déclencher une dynamique favorable, en réaction à la situation dramatique du pays.

-          La lucidité et la clarté dans la politique d’opposition, en dénonçant le stratagème en cours: les électeurs ont absolument horreur de tout ce qui leur apparaît comme un double-jeu, une manœuvre électoraliste et en tirent les conséquences dans l’isoloir (exemple d’avril 1997).

-         Se garder du piège de la provocation, de l’ostracisme, et de l’agressivité envers les électeurs potentiels  du fn,  dont beaucoup n’ont rien d’extrémistes mais sont motivés par l’écœurement et la révolte, parfois des situations personnelles épouvantables, tout en répondant par des propositions réalistes à leurs inquiétudes ou leurs souffrances.

Le calcul initial pourrait alors, dans ces conditions, se retourner contre le pouvoir socialiste, placé dans la position de "l’arroseur arrosé". Dans un scénario à la Lionel Jospin 2002, nous aurions alors un PS absent du second tour. Une telle sanction ne serait que justice aux yeux de la France et des Français et ouvrirait sans doute la voie à une recomposition générale de la vie politique française.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction