Sondage morbide

sans-titreLe président Hollande a gagné 21 points de popularité dans les sondages à la suite des attentats terroristes de la semaine dernière. Hier, l’information a « tourné en boucle » comme on dit, sur toutes les chaînes. J’entends ce matin sur Europe 1, (ou RTL, je ne sais plus): « Nouvelle popularité », « inversion de la courbe », « quinquennat relancé« , « remontée historique, sans précédent ». Les questions fusent dans mon pauvre cerveau encore embrouillé par le sommeil: comment, comment peut-on s’enthousiasmer de la remontée d’une cote de popularité à la suite de la mort de 17 hommes, dont trois jeunes gens à l’aube de leur vie (c’est ce qui personnellement me fait le plus mal), tués parce qu’ils étaient juifs? Comment cela est-il possible? A quel niveau de cynisme, de chaos moral et d’inconscience, notre société médiatique est-elle tombée pour pouvoir ainsi jubiler – car le ton, depuis hier, est bel et bien à la jubilation – , dix jours seulement à la suite d’une pareille tragédie?  Quel sens cela a-t-il? Comment expliquer le phénomène : réaction légitimiste ou succès d’une communication? Pourquoi l’effet inverse s’était-il produit dans les circonstances aussi atroces de l’affaire Mehra en 2012 (trois enfants tués à bout portant dans une école juive)? Comment la classe politique, dans sa globalité, obsédée par les postures et l’impact électoral de ces événements abominables, peut-elle se comporter de manière aussi médiocre? Face à de tels drames, quelle est la responsabilité réelle, opérationnelle, concrète des dirigeants? En quoi ont-ils mérité ou failli? Les vraies questions seront-elles un jour posées: celle d’une décomposition du corps social qui débouche sur  la terreur et l’impuissance politique, c’est-à-dire, le pire que l’on puisse imaginer pour un peuple, une nation? Comment l’opinion peut-elle se montrer si versatile, si fébrile, si manipulable? Toute velléité critique est noyée dans une sorte de consensus artificiel, médiatique, créé de toute pièce. La communication écrase la politique, au sens noble du terme –  le gouvernement de la cité – et la réduit à néant. Plus personne ne songe à gouverner – choisir –  ni aujourd’hui ni demain, mais à paraître, jouer son rôle dans la grande comédie du pouvoir. La France officielle, visible, télévisée, ou radiodiffusée,  la France dite « d’en haut », qui n’est pas toute la France heureusement, se comporte de manière qui, (je le trouve personnellement), n’est pas tout à fait digne d’une République du XXIème siècle ni d’une grande démocratie, encore moins du pays qui s’est jadis voulu la lumière du monde.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction