Quand j’ai parlé de France Travail et ses 54 000 salariés, le directeur général a répondu « enfumage » et « mensonge ». Pourtant, je n’avais encore rien dit. Salaires mirobolants, scandales, souffrance des salariés, fêtes somptuaires, défaillances…
L’HEURE EST VENUE !
D’abord, sachez que le mécène de France Travail, c’est VOUS.
Pour financer les 43 milliards dont dispose France Travail, vous devez payer une assurance chômage : une partie au cas où vous seriez au chômage, le reste pour France Travail. C’est 4% de votre salaire tous les mois. France Travail, c’est #NotreArgent.
Or, quand une agence est financée par le fruit de notre travail, son efficacité doit être scrutée au microscope.
Il faut nous interroger en permanence sur l’emploi de #NotreArgent.
En tant qu’élue du peuple, c’est même mon devoir.
Alors qui est ce directeur général de France Travail, M. Thibaut Guilluy, qui se démultiplie dans les médias, comme dans un véritable plan de communication de crise, pour m’attaquer parce que je fais mon travail ?
Ami d’Emmanuel Macron, M. Guilluy fut candidat LREM aux législatives en 2017, avec pour suppléante… la fille de Brigitte Macron. Un engagement politique qui n’a manifestement pas nui à sa carrière.
(Patience, vous connaitrez bientôt le salaire d’un DG de France Travail)
Monsieur Guilluy est donc un homme politique. Il a perdu les élections, mais a vite été recasé…
- En 2020, il est nommé « Haut-commissaire à l’emploi » : encore un organisme très utile. Je vous laisse voir par vous-même en quoi cela consiste…
- Fort de cette expérience, il est nommé en 2023, DG de France Travail.
- Il préside aussi deux agences publiques créées en 2018 et en 2022, comme si la France manquait d’agences publiques… :
- le Conseil de l’inclusion dans l’emploi et
- Les entreprises s’engagent, pour une société « inclusive et durable »,
- ainsi que de nombreuses associations, toujours pour une société « inclusive et durable ».
Qu’est-ce que France Travail ?
Ex-Pôle emploi, c’est une agence publique avec deux missions principales : indemniser les chômeurs et les accompagner dans leur recherche d’emploi, en collectant les offres des entreprises pour les mettre en relation avec les demandeurs.
Il y a 22 000 conseillers chargés de « collecter les offres des entreprises et les mettre en relation avec les demandeurs ».
Cela vous rappelle quelque chose ? C’est normal ! C’est aussi ce que font des dizaines de plateformes sur Internet, des centaines de cabinets de recrutement et des milliers d’agences d’intérim !
Mais c’est avec #NotreArgent que France Travail emploie 54 000 personnes.
Soit trois fois plus que LinkedIn, qui emploie 16 000 personnes dans le monde entier, accueille 900 millions d’utilisateurs dont 30 millions en France, et permet, chaque minute, à 8 personnes d’être embauchées… Sans vivre de nos charges sociales.
Même France Travail le reconnaît…
Or, que remarque-t-on ? Que sur une année, France Travail ne permet qu’à 12,9 % des chômeurs de trouver un emploi.
Si vous avez trouvé un travail avec France Travail, vous faites donc partie des exceptions.
Ce chiffre est accablant ! Et c’est sans doute pour cela qu’il est si difficile à trouver…
France Travail ne le publie pas. Et il m’a fallu remonter à un rapport de 2017 publié par l’INSEE pour l’obtenir.
À combien sommes-nous aujourd’hui ? Nous serions curieux d’avoir les chiffres !
France Travail échoue donc pour 87% des chômeurs inscrits chez elle, qui trouvent un emploi par d’autres moyens.
Dans le privé, 87% d’échec, c’est la faillite, ou au minimum, le responsable renvoyé… mais pas chez France Travail !
La Cour des comptes, elle aussi, écrit : « Les résultats obtenus par Pôle Emploi en matière de taux de retour à l’emploi sont décevants ».
Et devinez quoi ? Quand la Cour a publié son rapport, le DG de l’agence a hurlé pour dénoncer un rapport « exclusivement à charge » !
Même face à la Cour des comptes, la combine de France Travail, c’est toujours d’attaquer le messager pour éviter de se remettre en question.
Maintenant que nous savons qui est M. Guilluy et ce qu’est France Travail, voyons ce qu’il trouve à redire à mes arguments.
Sans en contester aucun, il leur oppose seulement des bons sentiments et une liste de moyens déployés… en oubliant tout simplement de parler des résultats.
Le problème, c’est que personne n’accuse France Travail de ne pas mettre les moyens !
Bien au contraire.
Ces moyens sont énormes, avec #NotreArgent. Et cet argent, il n’en prend pas du tout soin.
Il le dilapide. Il le gaspille… à 87%.
Quant aux résultats ?
M. Guilluy n’ose pas contester mes chiffres, alors il bafouille sur TPMP : « Son 12%…. oui, d’accord, bon… Sarah Knafo, elle va sortir des rapports de l’INSEE là, ou je sais pas quoi… mais je l’invite dans une agence qu’elle voie la réalité derrière les chiffres ». Ah ?
Manifestement, devant des arguments d’une telle pauvreté et qui révélaient de telles défaillances, les téléspectateurs ne se sont pas trompés.
Autre argument de M. Guilluy ?
Il nous parle d’énormes moyens déployés pour prescrire des formations aux chômeurs.
Alors, expliquons ce système à ceux qui n’ont pas eu la joie de le connaitre. Quand vous êtes au chômage, vous pouvez être obligés de suivre une formation pour continuer de toucher des indemnités chômage. D’anciens chômeurs me racontent « je savais que ça ne me servirait à rien, je cherchais un poste dans un autre secteur, mais c’était obligé, sous peine d’être radié ! ».
Et ça, c’est non seulement dégradant, mais c’est encore un gaspillage terrible, car ces formations, c’est toujours vous qui les payez.
Regardez encore les réponses à la publication de M. Guilluy.
Pour les résultats, M. Guilluy nous donne uniquement un chiffre de 4 millions de contrats signés. « C’est pas rien ! » dit-il. Certes. Mais,en réalité, c’est très peu.
- Il faut savoir qu’en 2022, 47,3 millions de contrats de travail ont été signés, rien que dans le secteur privé (INSEE).
Donc 43 millions sans l’aide de France Travail, sans argent public, sans #NotreArgent. - Sur les 4 millions de contrats célébrés par M. Guilluy, combien sont, en fait, des contrats précaires de quelques semaines, renouvelés plusieurs fois dans l’année, ou des « emplois aidés », donc des emplois financés encore avec #NotreArgent, qui masquent la situation catastrophique du chômage en France ? Là aussi, nous attendons ces chiffres avec impatience !
D’ailleurs, dans la même émission, M. Guilluy, pensant nous donner un argument de poids, nous apprend qu’il participait, la veille « à une réception pour fêter la signature de… 40 contrats de travail ».
Comment mieux illustrer mon propos ?
Le DG de France Travail fait la fête pour à peine 40 contrats quand LinkedIn permet de signer 11 520 embauches par jour ?!
Encore de l’argent gaspillé pour fêter un service rendu minuscule… À elle toute seule, la fête coûtait peut-être plus cher que le salaire des 40 personnes embauchées !
Chez France Travail, on aime ces fiestas.
Eh oui, le Canard enchaîné nous apprend que les dirigeants sont tellement fiers de leurs résultats, qu’ils se payent des réceptions à 300 000 € avec #NotreArgent.
Quelle entreprise privée se permettrait de telles dépenses pour fêter de tels résultats ?
Et le scandale ne s’arrête pas là !
On apprend que le salaire du DG de Pôle emploi était de 20 000 euros par mois en 2009 (dernier chiffre disponible) ! On serait curieux de connaître le montant en 2025..
→ 20 000 € par mois, pour 87% d’échec dans sa mission, ça n’est jamais arrivé dans le privé et ça n’arrivera jamais.
On découvre aussi que les dirigeants de France Travail profitent de largesses invraisemblables et de rémunérations géantes, malgré un service rendu défaillant.
Avec des salaires à 14 000 € par mois, si vous hésitiez entre une carrière dans la banque d’affaires et un poste de cadre chez France Travail, n’hésitez plus ! La Cour des comptes avait alerté dès 2020.
Vous arrivez à la fin et au plus absurde dans cette machine infernale.
Sur TPMP, M. Guilluy nous parle d’une convention qu’il a signée avec LinkedIn « pour recruter ».
Étudions cet argument, ou plutôt, cet ENORME but contre son camp.
J’ai creusé la question…
Nous apprenons donc que nous payons tous les mois 54 000 personnes pour qu’ils mettent sur leur site des offres venues d’autres plateformes ?!
Oui, vous ne rêvez pas. C’est bien ce que nous dit fièrement M. Guilluy : « Nous travaillons avec les plateformes pour mettre en visibilité leurs offres ». Et c’est écrit noir sur blanc sur le site de France Travail.
C’est-à-dire qu’on finance avec #NotreArgent des annonces de recrutement réceptionnées et passivement mises en ligne, sans plus-value ? Des demandeurs d’emploi me l’ont confirmé : les conseillers France Travail vous proposent souvent des offres auxquelles vous avez déjà postulé sur d’autres plateformes.
Plus on creuse, plus on découvre. Savez-vous que France Travail paye des entreprises pour former ses salariés au « développement des compétences », c’est-àdire à son propre cœur de métier ?
Voilà une agence dont l’expertise est censée être le développement des compétences des chômeurs pour les aider à retrouver un emploi… qui paye des entreprises pour former ses salariés… à leur expertise ?
Et il y a pire…
France Travail paye aussi une myriade de soustraitants pour qu’ils exercent directement à sa place ses propres mission. Celles pour lesquelles nous rémunérons déjà 54 000 salariés ! Vous payez donc deux fois, quand France Travail vous fait croire que son service est gratuit !
Oui, l’agence va, par exemple, jusqu’à payer des entreprises pour qu’elles effectuent A SA PLACE les entretiens avec des demandeurs d’emploi, facturés à France Travail, donc à nous, 90 € par entretien !
Le coût global de cette sous-traitance ?
1,2 milliards d’euros sur une seule année selon la Cour des comptes en 2018.
Le rapport de Sarah Knafo, complet en couleurs avec les graphiques, consultable en ligne, téléchargeable, imprimable, c’est ci-dessous :