Pour une refondation de la République

imagesK0URELDFLa politique française est dans un état de décomposition qui n’a pas beaucoup de  précédents historiques. Je pourrais l’illustrer de mille exemples dans l’actualité, ne serait-ce que de ce weekend, mais à quoi bon, chacun les a en tête.

Nous observons en particulier trois phénomènes:

  • la personnalisation à outrance de la vie publique: elle n’existe plus qu’à travers des jeux de personnages en course pour la conquête ou la préservation du pouvoir, noms et visages ultra-médiatisés, personnages coupés du monde réel dans un tourbillon d’ivresse narcissique.
  • La fuite devant le réel: l’action, le débat de projets concrets et réalistes, la notion de choix, de décision, de gouvernement pour le bien commun semblent chaque jour déserter un peu plus la sphère publique, sauf rares exceptions.
  • L’invasion des fausses querelles, polémiques, petites phrases, plaisanteries, fureurs, annonces, démentis, postures, manipulations verbales, dans le désordre et la confusion qui sont les plus absolus.

Tout cela n’est pas vraiment nouveau. En relisant hier soir, à la veilleuse, « Penser la Révolution française« , de François Furet –  un ouvrage qui fait partie du top ten de mes lectures de toujours –   j’y ai retrouvé des formules saisissantes, soulignées au crayon il y a bien une trentaine d’années: « Une perpétuelle surenchère de l’idéologie sur l’histoire réelle… La parole se substitue au pouvoir … Les leaders font un autre métier que celui de l’action… Cet ensemble de pratiques nouvelles qui surinvestit la politique de significations symboliques ». Les responsables publics, de la majorité comme de l’opposition, ont-ils conscience de ce vertigineux basculement de la 41mVApJZ8JL__SX302_BO1,204,203,200_politique dans les chimères et les manipulations, qui ressent aujourd’hui si fort une majorité de Français?

Imaginons un instant de lucidité, d’honnêteté et de sens du bien commun de la part d’un haut responsable public. Que faudrait-il faire? Le pays est désormais  ingouvernable, incapable de se diriger, de faire des choix, de régler les problèmes de décennie en décennie (chômage,  insécurité, éducation, exclusion) peut-être en route vers le chaos, à échéance de quelques mois ou quelques années. Il faudrait lancer une trêve politique d’un mois, organiser une conférence nationale sur la gouvernance française, à la quelle seraient conviés des maires représentatifs de toutes les communes, des responsables d’entreprises privées, des représentants des salariés, du monde associatif, des professionnels indépendants, des hauts responsables publics, des citoyens inscrits sur les listes électorales et tirés au sort. Le débat porterait sur deux thèmes: pourquoi la France est-elle ingouvernable? Quels changements fondamentaux doivent être apportés à l’Etat et à la démocratie française, pour les mettre au service du bien commun?

Il ne le feront pas: de l’extrême droite à l’extrême gauche, jamais ils ne le feront, par peur d’ouvrir la boite de pandore et de voir remises en cause, dans un grand chambardement général, leurs rentes de situation, familiales, partisanes, claniques, électorales, leurs mandats éternels et leurs émoluments, leur place au chaud sous les ors de la République. Ils ne le feront pas d’eux-mêmes. Comment le leur imposer?

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction