Politique spectacle

Oui, le débat d’hier soir, sur TF1, était de qualité, comme on le dirait d’une émission de divertissement ou de téléréalité. Il fallait de la patience pour y parvenir, s’enfiler des tonnes de publicité. Audimat record: combien ce beau spectacle rapportait-il à TF1? Le spectacle était de qualité, chacun dans son rôle. M. Macron était le meilleur sur scène: jeune, beau, les yeux clairs, le sourire avenant drôle, plein de répartie, vif. L’entendre moucher le Pen, Mélenchon et Hamon était, il faut bien le dire, un plaisir.  Il apportait à l’évidence un souffle de nouveauté. Et de l’audace, toujours de l’audace: se présenter, dans la complaisance générale, comme « le candidat de la véritable alternance » après avoir été conseiller et ministre de M. François Hollande pendant cinq ans, me laisse personnellement sans voix… Réussir à faire oublier, le temps d’un débat, sa qualité d’homme clé du quinquennat qui s’achève, relève du prodige… Mais il est à l’évidence brillant, sympathique, étincelant. Au contraire, M. Hamon donne une impression détestable. Je ne sais pas comment les sympathisants socialistes ont pu choisir un tel personnage, au style du bureaucrate militant, hargneux, mesquin et fanatisé. Mme le Pen était sans intérêt, égale à elle-même, assenant des propos démagogiques déconnectés du monde réel, dans le style: « c’est simple, je veux arrêter l’immigration ». Oui, c’est simple, en effet, c’est si simple…  M. Mélenchon était dans le grand spectacle lui aussi, tribun magnifique, une sorte de caricature de Georges Marchais, mais avec le talent et l’intelligence en moins.  Quant à M. Fillon, il était le seul à présenter une stature d’homme d’Etat et j’ai beaucoup apprécié ses paroles de sagesse sur les institutions. Il disait exactement ce que je répète moi-même depuis des années: l’une des clés de l’avenir politique de la France consiste à cesser de violer la Constitution de la Ve République, la respecter avec un Premier ministre et un gouvernement qui gouvernent sous le contrôle de l’Assemblée et un président impartial, au dessus de la mêlée. Des paroles que j’attendais depuis trop longtemps… Retour à M. Macron: séduire à la télévision, dans une émission de grand spectacle, c’est une chose; présider la France en est une toute autre. S’il est élu président, à moins de 40 ans, sur une ambiguïté suprême, « la véritable alternance dans la pure continuité », il est à craindre que l’imposture du siècle soit rapidement démasquée, que le masque tombe et que l’image d’un ange, du gendre idéal de la vieille dame France,  cette image qu’il incarne, en trois mois, devienne rapidement celle d’un ange déchu – un démon –  et que son mandat se transforme en une fantastique chasse à l’homme ou meurtre rituel d’un symbole d’enfant gâté, le défouloir national, la névrose incarnée d’une France avide de sang frais. Vous en me croyez pas? Vous verrez…

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction