Mai 2015, l’anti-mai 1968

charente-grande-manif-mardi-matin-contre-la-reforme-des-coll_491040_536x330Un mois de mai sous le signe de la contestation, même embryonnaire, ce n’est jamais bon signe. Les ingrédients d’une crise politique sont désormais réunis autour de la réforme du collège. Ses principales mesures font la quasi unanimité contre elles: toute l’opposition de droite, la gauche mélenchonniste, M. Chevènement, les syndicats d’enseignants, l’ensemble de la presse. La Premier ministre en fait une question de principe: « cette réforme se fera quoi qu’il arrive »vient-il de déclarer ce matin. Quand un chef de gouvernement s’exprime ainsi, ce n’est jamais non plus bon signe. Le pouvoir, affaibli et usé par l’impopularité s’enferme dans une réforme dont personne ne veut et nul ne voit le véritable intérêt même si M. Valls la qualifie de « révolutionnaire ».  Mais sur quoi se cristallise le rejet? Etrangement, la défense de l’enseignement du Latin. La société française droite et gauche confondues, se mobilise sur une matière qui renvoie à la tradition, aux racines, non pas à l’élitisme comme il est dit de façon mensongère, mais à l’excellence. En 1968, la contestation voulait faire table rase du passé. La suppression de l’enseignement des langues dites « mortes » était à son programme. En 2015, la contestation – à l’état d’amorce –  veut au contraire sauvegarder les racines intellectuelles du pays. Beaucoup de révolutionnaires de mai 1968 se disaient maoïstes, préconisant la politique de la « page blanche ». Aujourd’hui, c’est le contraire. La protestation, par la voix même de M. Mélenchon, comble du paradoxe, fustige une réforme qu’il qualifie de « maoïste ».  Quand le rejet d’une réforme se cristallise ainsi en symbole, faisant la quasi unanimité contre lui, le danger est grand pour le pouvoir en place. Mai 2015 contre les derniers feux de mai 1968.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction