Le faux débat

Ce soir, pour la première fois depuis 1974, je refuserai de regarder à la télévision le débat du second tour des présidentielles. Le débat des deux impostures ne m’intéresse pas. Il opposera deux mystifications. Le parti socialiste, celui des 5,5 millions de chômeurs, de la désintégration de notre pays dans la violence, de la faillite de l’Etat de droit et de l’Education nationale, s’est reconverti – avec une sournoiserie confondante – sous le masque avenant et jovial de l’ex conseiller de M. Hollande. L’extrême droite la plus violente, la plus haineuse, chauvine, démagogique et isolationniste tente elle aussi de prendre un visage neuf en se « recentrant ». Hypocrisie, tartufferie et dissimulation sont les vrais vainqueurs de cette campagne.  Le renouvellement, la « recomposition » sont de scandaleux mensonges: d’un côté comme de l’autre, ce sont les mêmes qui réapparaissent, les mêmes comédiens aux figures ravalées, les mêmes fausses valeurs, lâchetés, renoncements, les mêmes manipulations, cultes de la personnalité recelant vide et impuissance. L’idée d’un nouveau clivage mondialisation/nation se substituant à l’ancien droite/gauche est une autre illusion à la mode: le rayonnement de la France et sa prospérité ont toujours été dans sa vocation mondiale, européenne, et non dans le repli identitaire. A mes yeux, le seul clivage qui compte et celui qui oppose la vérité et la manipulation. Le débat de ce soir est signe de la faillite de la vérité et l’apothéose de la manipulation. Il est l’aboutissement d’un long processus de fuite du politique loin du réel, dans les limbes d’un médiocre spectacle. L’arrivée de la candidate d’extrême droite au pouvoir plongerait d’un seul coup le pays dans la ruine, l’isolement, la paralysie absolue et la guerre civile. Celle de son adversaire socialiste sera synonyme d’immobilisme, du néant et d’une pente fatale de cinq ans. Cette campagne hideuse qui s’achève a privé les Français du débat attendu sur la réforme de l’éducation nationale, la restauration de l’autorité de l’Etat, la transformation nécessaire du fonctionnement de l’Europe et des institutions françaises et la modernisation de l’économie. Le paroxysme du renoncement, de la démission, de l’abêtissement de masse, de la mégalomanie, cette bagarre de cour de récréation, ce soir à la télévision, ce sera sans moi.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction