L’abrutissement collectif

Nous vivons une époque particulièrement étrange. Les impôts diminuent-ils? Les prélèvements obligatoires records (47%) et la dette publique (100% du PIB) sont-ils en voie de se réduire? Le chômage, 5 à 6 millions, baisse-t-il de manière significative surtout au regard des performances de nos voisins? Le décrochage économique avec l’Allemagne est-il en train de se résorber? Existe-t-il la moindre raison d’espérer que la désindustrialisation de la France s’achève? L’autorité de l’Etat, face à la violence urbaine, les zadistes, les zones de non droit, est-elle en cours de restauration? Est-il permis d’envisager une reprise réelle du contrôle de l’immigration et des frontières – autre que dans les coups de menton et la polémique? La pauvreté touchant 8,6 millions de personnes en France et le mal logement (3,2 millions) sont-ils en voie de résorption? Le niveau scolaire, en plein effondrement, depuis des décennies, est-il en cours de redressement et la discipline à l’école, notamment dans les collèges en perdition de banlieue, en voie d’amélioration? La réponse est non, évidemment non, mille fois non. Le monde moderne a fait de la politique, surtout en France, un grand spectacle d’abrutissement collectif: coups d’éclats, polémiques, provocations, jappements, émotions pour faire oublier la réalité. La posture en est le maître mot. Il faut parler, vibrionner, émouvoir, séduire, gesticuler le plus possible, faire semblant d’agir, faire croire au mouvement en affleurant la réalité plutôt qu’en l’affrontant. Aujourd’hui, ce qui est nouveau, c’est que cet univers baigne dans un climat de conformisme émerveillé, entretenu par le monde médiatique, radio, télévision, une grande partie de la presse, qui est sans équivalent dans l’histoire récente. La mode est au fayotage, à la morale du troupeau et à une certaine forme de lâcheté. Dans le monde médiatique et la presse, quasi unanimes, même chez les esprits autrefois dissidents, le temps est à l’éblouissement, aux courbettes et à l’aveuglement volontaire. Tout esprit critique doit périr étouffé. Nul ou presque ni échappe. Ce phénomène qui se caractérise par un double mouvement – fuite éperdue face à la réalité et hypnose de masse – peut-il perdurer longtemps, entraînant le pays dans un abîme sans fond? Tout dépend du niveau d’intelligence collective. L’abêtissement scolaire, l’éradication de l’esprit critique, sur des décennies, fonctionne à plein rendement et trouve aujourd’hui son aboutissement dans le règne du fayotage. Mais reste-t-il, dans les entrailles du pays, une lueur de bon sens, de lucidité? Telle est la grande question des mois ou des années à venir. Sans doute que oui mais sincèrement, du fond du coeur, il est violent et douloureux de constater qu’il n’y a plus guère qu’un petit site isolé et infime comme celui-ci pour parler le ton de la vérité.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction