« Fire and fury » ou « ground zero »?

« Un peu après 20h00 le soir de l’élection, quand la tendance inattendue – la victoire de Trump – semblait se confirmer. Donald Trump Jr. a dit à un ami que son père ressemblait à quelqu’un ayant vu un fantôme », affirme Michael Wolff, auteur du livre polémique. Dans un extrait publié par le New York Magazine, on apprend que le but ultime de Donald Trump « n’a jamais été de gagner » mais de devenir simplement « l’homme le plus célèbre du monde ». Le candidat républicain envisageait d’utiliser sa notoriété pour lancer sa chaîne de télévision, poursuit l’auteur. Le soir de l’élection, Steve Bannon raconte qu’en une heure, « Trump est passé de la confusion à l’incrédulité, puis à l’horreur ». Avant d’arriver à « cette ultime transformation : tout d’un coup, Donald Trump est devenu un homme qui a cru qu’il méritait d’être président des États-Unis, et qui était capable de l’être . Preuve de cette absence de volonté, Donald Trump « a refusé d’investir son argent personnel dans la campagne », note Michael Wolff. Selon lui, Steve Bannon aurait demandé au futur président d’injecter « une somme de 50 millions de dollars dans la campagne »mais il se serait pris un non catégorique du gendre de Trump. « Hors de question qu’on investisse 50 millions si on n’est pas sûrs qu’il gagne derrière ».

Le livre, depuis hier, fait fureur dans les librairies US. Au regard des extraits qui en ressortent, cet ouvrage semble être une compilation de ragots touchant à la personne de Trump. Il touche à l’apothéose de la méthode du lynchage personnel, la logique même du président bouc émissaire. La politique de l’administration Trump ne semble pas être en cause, ni sa politique intérieure ni extérieure. D’ailleurs, de fait, que peut on vraiment lui reprocher sur le plan diplomatique? Les Etats-Unis et la Russie n’ont-ils pas, malgré les frictions, d’un côté l’Irak et de l’autre la Syrie, n’ont-ils pas gagné la bataille contre l’Etat islamique daesh qui menaçait de mettre le Moyen-Orient à feu et à sang?  Mais le triomphe du livre qui provoque outre-atlantique, une véritable extase médiatique, repose sur des anecdotes. Ici, le niveau zéro, ground zero,  de l’analyse politique, du journalisme et de l’édition est atteint. Aujourd’hui, ils essayent de le faire passer pour un dément, relevant de la psychiatrie. C’est tellement facile. La crétinisation frappe les « Etats-Unis d’en haut » de plein fouet. Mais aussi, c’est tout un système de gouvernement qui est en cause. Fondé sur l’image, sur la frime, la communication, les tweets, il est tellement facile de retourner la logique de la com et de l’image contre un personnage qui fonde sa politique autour de l’image, grâce au bulldozer de la propagande du système médiatique pour lequel M. Trump est le mal absolu, comme M. Obama et Mme Clinton étaient le bien suprême, même si Trump comme Obama se rejoignent dans l’obsession de l’image et la communication à outrance. La France est d’ailleurs dans la même situation. Il faudrait une révolution intellectuelle pour changer en profondeur la nature de la politique en occident, la recentrer sur le gouvernement des hommes et des choses, l’action réelle, les résultats, et non plus sur l’émotion de haine ou d’amour envers des personnages du grand show. Mais qui pour comprendre cela, dans le climat d’abêtissement général où sombre l’ensemble du monde occidental?

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction