Dans l’effondrement, la part des institutions et celle de l’abêtissement

Moi aussi je suis tenté de mettre l’effondrement (école, dette publique, insécurité, hôpital, désindustrialisation, libertés, frontières, corruption etc.) sur le compte de la dégradation des institutions politiques: l’extrême concentration de l’illusion du pouvoir dans les mains d’un seul homme écrasant l’esprit d’initiative et de responsabilité et favorisant ainsi l’impuissance générale. Pire: ce phénomène (de long terme) tend à substituer le culte narcissique d’un individu, la gesticulation vaniteuse et l’esprit de courtisanerie au sens du bien commun. Tout cela est absolument évident et il faut un immense aveuglement pour ne pas en avoir conscience. Mais il existe une cause plus profonde et plus dramatique: l’abêtissement de la classe dirigeante. Les IIIe et les IVe République avaient aussi de gigantesques défauts en particulier leur instabilité chronique. Contrairement au cliché largement partagé, cette instabilité de surface était sans doute moins dramatique que l’arrogance pétrifiée actuelle. Mais surtout, jusqu’au tournant des années 1960, la France a su produire une poignée d’hommes d’Etat, c’est-à-dire des personnalités (de tout bord) pourvues d’une culture littéraire, historique ou scientifique. Elles disposaient d’une hauteur de vue (intelligence) à la source d’une vision et d’un sens de l’Etat sans lesquels aucune politique au sens noble du terme – le gouvernement de la cité – n’est concevable. La disparition des hommes d’Etat au profit d’histrions ivres d’eux-mêmes est probablement la cause essentielle du naufrage actuel. Or, s’il est possible de réformer les institutions, il est sans doute beaucoup plus difficile de restaurer l’intelligence et le caractère.

MT

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Author: Redaction