Contre les drapeaux dans les classes

L’Assemblée nationale a voté cette nuit un amendement imposant dans chaque salle de classe la présence d’un drapeau français et d’un drapeau européen. Cette proposition n’est pas issue d’un parti extrémiste, mais, semble-t-il, de la droite LR. J’y suis profondément défavorable. Un drapeau national ou européen, ou autre, est un emblème d’allégeance à une  entité politique. Un régiment porte le drapeau national car il combat pour le pays et au nom de celui-ci. La salle de classe n’a pas vocation à enrégimenter pour une cause ou une autre, sinon celle du savoir. Elle est le lieu sacré de transmission de la culture et de l’intelligence. Cette décision est le signe du renoncement. Le niveau scolaire est frappé par un vertigineux déclin dont toutes les études attestent: orthographe, mathématiques, lettres, sciences naturelles, histoire, géographie… Par ailleurs, le QI moyen des Français est en chute libre, à l’image de tout le monde occidental, mais encore  plus marqué. L’école est malade de l’indiscipline, de la violence et de non respect des professeurs. L’inégalité des chances frappe plus fort que jamais, entre les bons collèges et lycées des centres villes de la bourgeoisie française et les établissements de banlieues qui sombrent dans le chaos absolu. Voilà, et quand on ne sait plus quoi faire pour changer une réalité tragique, on agite des petits drapeaux tricolores ou avec des étoiles, comme des leurres, pour faire vibrer la corde patriotique ou supposée telle. En collant des petits drapeaux partout dans les salles de classe on donnera ainsi l’illusion de restaurer l’autorité. Pourtant, les deux drapeaux ne serviront qu’à recouvrir d’un voile pudique l’échec d’une société, sans doute le pire de tous, à assurer la transmission aux nouvelles générations d’un patrimoine intellectuel.  Tout cela n’a rien à voir avec le patriotisme. La place du drapeau est sur la façade des établissements, surtout pas dans chaque classe. Cela s’appelle la démagogie, ou l’esbroufe. Ou mieux: le ridicule.

Maxime TANDONNET

 

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Author: Redaction