Conseil aux politiques

588945Hier soir, nous avions un dîner à la maison, après ce fabuleux moment de sport planétaire que fut la finale historique de la coupe du monde de rugby, Nouvelle-Zélande/Australie – l’un des plus beaux matchs internationaux que je n’aie jamais vu. Nous avions pour convives des personnes de tout bord, de droite, de gauche, du privé de la fonction publique, voire même de toutes les religions. Autrefois, les dîners donnaient lieu à des discussions courtoises, mais vives qui parfois dégénéraient… Désormais, rien de tel, tout le monde était parfaitement d’accord sur tout, notamment l’invraisemblable discrédit de l’univers politique. Il est vrai que la vie publique atteint des sommets dans l’absurdité, le mépris et la désinvolture. Ainsi, le mois dernier, la gauche socialiste en appelait à une mobilisation contre le « bloc réactionnaire » composé de « la droite et de l’extrême droite ». Maintenant, elle réclame un « Front républicain » contre « l’extrême droite ». Où est la cohérence? Jamais dans l’histoire on ne s’est autant moqué du monde. Le niveau atteint dans la moquerie est sans précédent. Cette attitude provient de l’éternel défaut de la part des élites nationales, médiatisées qui consiste à prendre les autres pour des imbéciles que l’on peut manipuler sans limite. Les ficelles de la manipulation sont grossières: 1/ sur-personnalisation des enjeux, autour de la lutte entre quatre ou cinq géants médiatiques en course pour l’Elysée, 2/ obsession de la table rase et de l’oubli du passé –  les bilans, les provocations salaces, les fautes qui ont mis le pays à genou-, 3/ fuite dans l’émotionnel et l’anecdotique au détriment de la raison et de la politique des réalités, 4/ exacerbation des haines sectaires pour faire oublier le néant des idées. Attention, je parle ici des vedettes médiatisées de la politique nationale, pas des maires, des parlementaires discrets, des élus qui s’investissent corps et âme pour leur région ou leur ville. Une priorité absolue: cesser de prendre les gens pour des crétins (cette fois-ci, je resterai poli jusqu’au bout de ce billet!). Si j’étais un responsable public, je prendrais acte de la désintégration de la vie politique nationale, se traduisant par une poussée vertigineuse de l’abstentionnisme comme du vote extrémiste, un climat de dégoût généralisé envers la politique nationale dont toutes les enquêtes d’opinion font état. J’en appellerai à l’organisation d’Etats généraux de la refondation de la vie publique nationale et de la démocratie, qui réuniraient les forces vives du pays, les élus locaux, les chefs d’entreprise, le monde associatif, des représentants élus des salariés du privé comme du public. Ils se tiendraient pendant l’hiver 2016, dans un cadre a-politique, neutre sur le plan idéologique, à l’abri de toute récupération. Préparés par un comité de Sages indépendants (juristes, scientifiques, historiens sans engagement idéologique) , ils s’organiseraient en ateliers portant sur des sujets précis relatifs à l’avenir de la gouvernance française: le rôle et la place de la représentation nationale, l’équilibre et la définitions des rôles entre le chef de l’Etat et le Premier ministre, le référendum d’initiative populaire, la démocratie directe, la question fondamentale du pouvoir croissant des juridictions non élues (Conseil constitutionnel), la réforme des institutions européennes. Ces travaux seraient motivés par un seul objectif: sortir le pays de 40 ans d’impuissance publique, d’alternance en alternance, qui le conduisent dans le mur et le déclin.  Alors pourquoi cette idée de bon sens, non pas une solution miracle mais l’amorce d’une prise de conscience, ne verra-t-elle probablement jamais le jour? Pour une raison simple et tragique: ce n’est pas l’intérêt de la France qui éclaire leur horizon mais le ballet des ambitions personnelles…

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction