La tragédie de Lampedusa devrait nous inspirer deux types de réflexion. D’une part, l’immigration africaine en Europe est inévitable. Le solde naturel de la population européenne est en chute libre. L’Europe se dépeuple parce que les Européens ont moins d’enfants avec un taux de fécondité de moins de 1,5 enfants par femme alors qu’il en faudrait deux pour un maintien du niveau de la démographie. Outre le retour à des politiques familiales et d’encouragement à l’enfance, l’apport de l’extérieur est crucial pour la survie du « vieux continent » qui n’a jamais mieux mérité son nom. Mais cela doit se faire de manière volontaire, régulée et organisée, sur la base des capacités d’accueil sur le plan du travail, du logement, des écoles. Il faut des passerelles pour permettre l’installation en toute régularité de populations venues de l’extérieur et la mobilité dans le cadre d’accords internationaux. En revanche, le drame de Lampedusa et celui, plus général de l’immigration illégale est d’une autre nature. Il signe la capitulation de l’Europe et et de ses Etats face au coup de force des passeurs esclavagistes. Il est la marque de la faiblesse, du renoncement, de la lâcheté européenne face à l’un des crimes les plus monstrueux de notre époque. Il montre une Europe paralysée par la mauvaise conscience, incapable de fermeté qui cède devant une forme de terreur et de chantage, une bataille que lui livrent les pirates du XXIe siècle. Cette faiblesse est à la source de la désintégration européenne, elle explique en partie le Brexit, la révolte de la Pologne et de la Hongrie, les tensions de l’Allemagne et la France avec l’Italie. Bien sûr qu’il ne faut jamais céder devant la menace et la force. A la fin du siècle, la population de l’Afrique doit quadrupler pour atteindre 4 milliards région du monde la plus peuplée. Tel est le plus grand enjeu du XXIe siècle. Si l’Europe ne parvient pas simultanément à donner un signal de fermeté et d’ouverture organisée, en fonction de ses capacités d’accueil, il ne fait plus aucun doute qu’elle sera broyée.
MT